Adaptation radicale – Pour survivre à la tragédie climatique amorcée ?

Date : 1 avril 2022
| Chroniqueur.es : Jean-Sébastien Houle
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Les humains n’échapperont pas aux changements climatiques… et même plusieurs êtres vivants n’ayant qu’une responsabilité infinitésimale dans les changements climatiques. Devant l’urgence confirmée du plus récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), plusieurs activistes environnementaux déclarent qu’il faudra opérer des transformations majeures dans notre société, comme l’abandon de l’obsession de la croissance (1)… des experts leur donnerait peut-être raison.

Origine du concept d’Adaptation radicale

En 2018, Jem Bendell, professeur sur le développement durable à l’université de Cumbria (Grande-Bretagne), compile de nombreux travaux scientifiques sur le climat et constate qu’un « effondrement sociétal est désormais inévitable » (1). Selon lui, minuit est passé et l’heure est maintenant à l’adaptation. Dans son article « Deep adaptation: a map for navigating climate tragedy » (Adaptation radicale : une carte pour naviguer dans la tragédie climatique [traduction libre]). Une revue académique spécialisée en développement durable refusera de publier son article, le jugeant catastrophique. Qu’à cela ne tienne, le professeur Bendell le publiera sur le site de l’Initiative for Leadership and Sustainability (IFLAS) de l’université Cambria comme document de travail. Le document fut téléchargé des centaines de milliers de fois en quelques mois.

Le professeur Bendell se garde bien de tenter de prouver que l’effondrement est inévitable – scientifiquement, ce serait impossible – mais plutôt qu’un tel sujet est crucial. 

Qu’est-ce que ça implique ?

Le professeur Bendell propose un « programme d’adaptation radicale » pour naviguer dans les tragédies climatiques avec en principaux fondements les « 4 R » : Résilience, Renoncement, Restauration, Réconciliation. Dans un article publié dans la revue Yggdrasil, Pablo Servigne résume les 4 R ainsi 1 :

La résilience : quelles parties de la société souhaite-t-on conserver ? Que faut-il sauvegarder ?

Le renoncement suppose, pour les individus et les communautés, l’abandon de certains avantages, comportements et croyances, car chercher à les maintenir ne ferait qu’empirer les choses. Comme par exemple la fermeture des installations industrielles vulnérables, l’abandon de certains types de consommation…

La restauration implique que les individus et les communautés retrouvent des attitudes, des manières de vivre et des modes d’organisation laissés de côté par nos civilisations gavées aux hydrocarbures. Par exemple, rendre des terrains à la nature; revenir à une alimentation saisonnière; augmenter la solidarité, notamment par la production des biens et des services à un niveau communautaire, etc.

La réconciliation, c’est nous demander : « Que pouvons-nous retrouver qui nous aiderait à faire face aux difficultés et tragédies à venir ? »

Que dire aux enfants ?

Lors d’une entrevue avec la revue Yggdrasil, le professeur Bendell indique que lorsqu’il s’adresse aux enfants, plutôt que de leur parler d’écologie, « il leur parle de l’injustice et de la souffrance de notre mode de vie actuel et de ce que nous pouvons faire pour réduire cette souffrance pour toutes les formes de vie » 1.

On pourrait voir dans le concept d’Adaptation radical une recherche d’humanité dans nos  relations avec tous les êtres vivants : humains et autres animaux, végétaux, champignons et même les bactéries.


1.Pablo Servigne, 17 févr. 2022 Adaptation Radicale, Yggdrasil https://yggdrasil-mag.com/blog/magazine/adaptation-radicale 

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