Accueil des migrant.es : le Canada et Québec infligent le pass carcéral

Date : 1 avril 2022
| Chroniqueur.es : Franck Potwora
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Pour les voyageurs aisés du monde libre, le dilemme, à destination, sera celui du choix du centre de villégiature. Avec Femme et enfants.

Pour beaucoup de voyageurs appauvris du reste du monde, la solution sera plus simple : ce sera un centre de détention – appelés aussi Centre de gestion de l’immigration, et ils n’auront pas le choix. Avec Femme et enfants également. #Bienvenue au Canada ! (Sources principales : Human Rights Watch et Amnistie internationale)

La plupart des migrants détenu.es sont enfermés dans des centres de surveillance de l’immigration pour migrant.es. Ceux-ci sont gérés par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et les provinces, comme le Québec, concèdent sous contrat leur utilisation à ces fins de « gestion » ou de « surveillance ». 

Durant l’année fiscale 2019-2020, près de 8825 personnes, de 15 à 83 ans, dont 138 enfants étaient détenues au Canada pour des raisons liées à l’immigration, dont 73 âgés de moins de 6 ans ont été « hébergés » afin de ne pas être séparés de leurs parents détenus. Entre avril 2017 et mars 2020, plus d’un cinquième des migrant.es emprisonné.es, soit environ 5 400 personnes, ont été placé.es dans 78 prisons provinciales sur tout le territoire canadien, dont une partie sont des établissements à sécurité maximale. Human Rights Watch et Amnistie internationale y ont répertorié des violations des droits humains auxquelles sont confrontées les personnes migrantes détenues au Canada. 

La peine moyenne pour avoir nécessité un refuge et une vie meilleure était de 13,9 jours en 2019-2020 mais depuis 2016, le Canada a maintenu en prison 300 migrant.es pendant plus d’un an. Elle est imposée sans jugement ni annonce puisque le Canada est l’un des rares pays de l’hémisphère nord où, en vertu du droit canadien, les personnes migrantes peuvent être incarcérées sans durée juridiquement limitée. Également, de nombreuses personnes entament des grèves de la faim ou développent des pensées suicidaires et la plupart souffre de dépression, d’anxiété et de troubles post-traumatiques. Les personnes ayant des handicaps psychosociaux ou des problèmes de santé mentale sont d’autant plus marginalisées et traitées de manière punitives que les autres.

De tels manquements ne peuvent relever que de la présomption d’inconscience et elle est désormais hors de tout propos. Il faut agir maintenant ! Ainsi, à l’instar des efforts du gouvernement de la Colombie Britannique, et au regard de bon nombre de personnes migrantes détenues qui ont été libérées lors de la dernière période de pandémie, prouvant ainsi le caractère non obligatoire et potentiellement sélectif des détentions liées à l’immigration, il est ainsi demandé aux gouvernements provinciaux et fédéraux : 

De ne plus incarcérer les personnes migrantes dans des centres ressemblant ou étant des prisons, et en toute priorité les enfants et les handicapés mentaux. 

De ne pas séparer les familles. 

D’annuler, pour le gouvernement du Québec, le contrat avec le gouvernement fédéral (notamment avec l’agence de services frontaliers du Canada) et d’être la première province à s’opposer officiellement à cette violation des droits humains. 

Comme l’a déclaré en novembre 2020 une avocate spécialisée dans la défense des personnes migrantes et réfugiés : « Si nous pensons que les migrants et migrantes en détention peuvent comme nous ressentir de la douleur, de l’anxiété, de l’amour et de l’espoir, l’incarcération ne peut pas être une solution. Elle n’est envisageable que si nous estimons qu’ils sont moins humains que nous. »

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