Wassup Rockers
Larry Clark, 2007
La première note de musique du film nous saisit par un gros son de guitare basse pour accompagner une chevauchée de skateurs qui se rendent à l’école secondaire. Le bruit des roues des skateboards sur le bitume se marie aux cris aigus d’un chanteur punk-métal. La musique et le skate, c’est ce qui unit ce groupe d’adolescent latinos de Los Angeles. Et leur quartier, c’est leur deuxième peau; le ghetto comme Kiko le nommera plusieurs fois. C’est pour faire des figures sur un nouveau spot que la bande traverse la ville pour rejoindre Beverly Hills. D’un Ghetto à un autre donc. Le clash social résumé par les mots de Chico : « c’est dangereux ici », lorsque lui et sa bande se retrouvent perdus dans Bel Air, et passent de villas en villas pour trouver un chemin et s’enfuir de cet enfer. Le danger est en effet partout dans leur vie, mais eux tentent d’exister pour ce qu’ils sont : des ados qui aiment le skate. Le sexe est omniprésent, l’amour est surtout maternel, puis reste l’adrénaline des heelflip, la rage brute des guitares punks et la force des amis.
I… comme Icare
Henri Verneuil, 1979
Le président récemment élu vient d’être assassiné dans sa décapotable. Le tueur, posté sur un toit avec un fusil à lunette, est retrouvé suicidé dans l’ascenseur du building. La commission d’enquête conclue à l’acte d’un fou. Toute ressemblance avec la mort de JK Kennedy est faite exprès. Et c’est un des intérêts de ce film 100 % tourné en France de recréer une atmosphère particulière, faite de hauts buildings vitrés et de longues avenues larges et bétonnées. Une atmosphère de futurisme, qui apparait aujourd’hui désuet car cet urbanisme est en fait notre réalité, qui fait que ce président, cette ville, ce pays, ça pourrait être n’importe où, et donc chez nous. Construit comme un polar classique, mêlant politique et services secrets, le film est un must seen pour l’ambiance de déstabilisation permanente que procure la mise en scène associée à la musique de Enio Morricone (coup de cœur pour la scène du message codé). Le combat du vrai et du vraisemblable est mis en image par la reconstitution de l’expérience célèbre de Milgram sur la soumission à l’autorité. Du beau cinéma, et un grand Yves Montand.
La Grande Illusion
Jean Renoir, 1937
Un film qui se passe pendant la Grande Guerre sans que celle-ci ne soit réellement traitée. L’enjeu ici est l’abolition des classes sociales que la promiscuité de la guerre va abolir l’espace d’un temps. Ils sont 4 soldats français prisonniers de guerre dans un château bavarois sans âge dirigé par le commandant von Rauffenstein. Dans ce lieu, le temps n’a pas vraiment prise, et la guerre est un bourdonnement lointain. Le capitaine de Boëldieu, officier et aristocrate français, se rapproche naturellement du commandant allemand von Rauffenstein du fait de leur éducation commune. Dans le même temps, de Boiëldieu crée des liens avec ses compagnons d’infortune, pourtant de grade militaire inférieur et d’origines sociales autres : un fils de banquier juif, un mécanicien parisien, un instituteur d’école. Elle est là, la Grande Illusion. Celle qui fait que dans des circonstances exceptionnelles, pour un instant, on peut croire à l’universalité de l’humanité. Mais dès que cette bulle éclatera, les personnages devront choisir entre leurs réflexes de classe ou les nouveaux liens qu’ils ont créés. (Film disponible à la bibliothèque)