FRONTIÈRES (1/2)

Date : 23 novembre 2021
| Chroniqueur.es : Souley Keïta
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Sur le tournage de… Frontières,

  Un nouvel œil sur le cinéma nous est permis, ce même œil qui se glisse, durant un bel instant, dans la production cinématographique et dans les coulisses d’un tournage. Entrée Libre a pu entrevoir et surtout voir le temps d’un après-midi le tournage d’une scène du dernier long-métrage de Guy Édoin : Frontières.

On s’enfonce dans les Cantons de l’Est, le froid s’installe tranquillement, balayant les dernières feuilles des arbres, au fur et à mesure que l’urbain disparait pour laisser la place au rural, laisser la place à ces nombreuses fermes qui jonchent l’Estrie. Nous nous arrêtons à proximité de Bedford où toute l’équipe technique ainsi que les actrices et les acteurs sont présents pour tourner une scène dans la maison de Diane (Pascale Bussières). Une maison centrale entourée de deux autres maisons, celles des deux filles de Diane (Christine Beaulieu et Marilyne Castonguay) qui constituent les lieux de tournages.

Notre route a labouré pour nous offrir de nouvelles contrées comme Guy Édoin creuse la ferme familiale pour nous offrir une nouvelle histoire, de nouveaux personnages. 

Une histoire où l’on sillonne les confins de la psychologie humaine, la famille et la mort.

Synopsis : Diane Messier vit sur une ferme dans les Cantons de l’Est, près de la frontière américaine, avec sa fille Sarah et ses deux sœurs, Carmen et Julie. À la suite d’un tragique accident, Diane se sent constamment menacée et va même jusqu’à croire sa maison hantée. Inquiétée par les agissements de sa fille, Angèle revient de Floride porter réconfort à Diane et tenter de réunir le clan familial.

Entrée Libre a pu s’entretenir avec le réalisateur Guy Edoin et la productrice Félize Frappier, qui collaborent pour leur troisième long-métrage :

Souley Keïta : J’aimerais revenir en premier lieu sur ce duo cinématographique. Vous travaillez sur votre troisième long-métrage ensemble, comment aborde-t-on ce tournage, avec moins de crainte, plus de confiance ou existe-t-il toujours une certaine appréhension ?

Félize Frappier : Étant notre troisième film ensemble, il est sûr que l’on finit par se connaître beaucoup, il y a aussi un lien d’amitié et une confiance qui se créent. Il en est de même lorsque l’on se rencontre pour parler du développement du scénario, l’évolution des personnages. C’est également la même chose lorsque nous construisons l’équipe du tournage ou quand nous sommes rendus au tournage. À travers ce lieu, que je chéris, c’est ici que j’ai produit le premier long-métrage de Guy, Marécages en 2011. Il y a dix ans, nous sommes venus avec des personnages différents, des lieux différents à l’époque, cela donne la possibilité de voir comment la région se développe, mais également d’avoir des lieux en tête lors des différentes écritures du scénario.

Souley Keïta : Frontières, cette fine limite qui change tout, entre le positif et le négatif d’un personnage, comment on aborde un sujet complexe tant dans l’écriture du scénario que dans la composition cinématographique?

Guy Édoin : C’est sûr que cela est complexe. L’idée principale de Frontières est en partie liée avec la proximité de la frontière avec les États-Unis, qui est à quelques kilomètres du lieu où se déroule l’histoire. C’est également l’idée d’être à fleur de peau, la frontière entre les sentiments, mais aussi entre la vie et la mort. Tous ces personnages sont à cette limite au niveau de leur vie actuelle. Il y a d’autres déclinaisons sur lesquelles je ne peux pas statuer au risque de vendre les aspects importants du film, mais si je dois parler d’un élément, c’est un film à clé qui flirte avec le thriller. Notre film au point de vue cinématographique se traduit par le format cinémascope, avec l’idée de la ligne, de l’horizontalité. Ce long-métrage est très horizontal avec des lignes de fuite. 

Souley Keïta : Outre l’aspect financier que l’on associe trop souvent au producteur, je voudrais mettre en lumière l’aspect créatif du métier de productrice, pouvez-vous nous parler de votre rapport de création sur ce projet?

Félize Frappier : C’est un côté du métier de productrice que j’apprécie vraiment, car c’est une chance d’être aux premières loges pour lire le scénario. Un rôle de première lectrice, mais également de gardienne pour protéger les bonnes choses surtout lorsque nous avons une collaboration forte, je pense que cela devient un enrichissement pour l’un comme pour l’autre. Ce sont des moments uniques. J’aime également le côté de chercher des financements, de monter l’équipe et pour permettre à Guy de se concentrer sur la vision de son film, mais je n’oublie pas le fait de lire, car cela vient me chercher notamment en lien avec mon passé en ayant étudié en littérature française à l’université. Je me considère comme une productrice créatrice, je sais que ce n’est pas tous les producteurs qui aiment cette facette, mais pour moi c’est essentiel de les accompagner et de protéger leur vision à travers toute la fabrication du film.

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