L’ACTUELLE PANDÉMIE DE COVID-19 A DÉJÀ PLUSIEURS IMPACTS NÉGATIFS SUR NOTRE ÉCONOMIE: AUGMENTATION DU TAUX DE CHÔMAGE, PERTES DE REVENUS DES MÉNAGES ET DES ENTREPRISE QUI À LEUR TOUR ENTRAÎNERONT DES RÉDUCTIONS DES RECETTES FISCALES, ETC. LES GOUVERNEMENTS VOUDRONT PALLIER CELA À GRAND COUP DE PROGRAMMES D’INVESTISSEMENT. OÙ PRENDRONS-NOUS L’ARGENT NÉCESSAIRE?
TRADITIONNELLEMENT, ON EMPRUNTE ET LES CONTRIBUABLES PAYENT PLUS TARD. MAIS LA MMT (THÉORIE DE LA MONNAIE MODERNE) NOUS PRÉSENTE UNE AUTRE FAÇON DE VOIR LES CHOSES.
Bref retour dans le temps…
Nos services publics ont été sérieusement malmenés entre 2010 et 2015. Selon l’Institut de recherche et d’information socio-économique (IRIS) ce sont 20 milliards de dollars en mesure de compression qui avaient été exigés à la population du Québec durant ces six années. Cela représentait 3,4 milliards par an, en moyenne, en compressions de dépenses, hausse des taxes et tarifs, réductions des effectifs de personnel, non-renouvellements de programmes, etc. Ceci dans un seul et unique but: le retour à l’équilibre
budgétaire. La crise de 2008 avait grandement ébranlé l’équilibre budgétaire, très chancelant, et chèrement gagné en 1998-1999. « L’austérité, en plus d’avoir des répercussions négatives sur les personnes qui avaient le plus besoin d’aide, s’est avérée injustifiée et inefficace ».
La dette, la dette!
Selon l’institut Fraser, l’endettement net combiné du Québec, c’est-à-dire la dette provinciale (186,3 G$) et la part du Québec à la dette fédérale (138,0 G$), totalisait 324,3 G$ en 2016-2017. De cette dette, 14,8 G$ sont des intérêts. Ceci représentait alors une moyenne de 1774 $ par contribuable. C’est bien connu, un état doit soit taxer, soit emprunter pour obtenir les fonds à dépenser, tout comme n’importe quel ménage doit obtenir la monnaie dont il a besoin pour dépenser.
Comment allons-nous payer pour tout ça?
En 2012, Warren Mosler publiait une série d’articles présentant « Les sept escroqueries innocentes et mortelles de politique économique ». En fait, une banque centrale comme celle du Canada ou des USA donnent de la monnaie (dépenser et prêter) simplement en changeant les chiffres dans les comptes bancaires du gouvernement. Il ne s’agit en aucune façon d’avoir à « obtenir » des impôts (ou des emprunts) pour faire une entrée dans un tableur que nous appelons «dépenses publiques». Les données informatiques ne viennent de nulle part. Tout le monde le sait ! Lorsque l’État fédéral dépense, les fonds ne « proviennent » de nulle part, pas plus que les points d’un match de sport « proviennent » du Centre Bell, du stade Saputo ou de la salle de Quilles Sher-Mont.
« Nous savons tous comment fonctionne la saisie des données, mais nos politiciens, les médias et, surtout, les économistes les plus éminents de la société civile mettent en quelque sorte les choses à l’envers ».
Mosler réussit à démonter à l’aide de divers exemples que « les États, en utilisant leur propre monnaie, peuvent dépenser ce qu’ils veulent, quand ils le veulent, tout comme le stade de football peut mettre des points sur le tableau à volonté. Les conséquences d’un dépassement des dépenses peuvent être l’inflation ou une baisse de la devise, mais jamais des chèques sans provision ».
Et l’inflation et les baisses de la monnaie, on en fait quoi?
L’inflation (une mesure de la hausse du prix des biens et des services) est scrupuleusement suivie par les éminents économistes. Vous pouvez trouver une multitude d’exemples de pays qui se sont retrouvés avec une inflation dite « insoutenable » (mars 2020: Vénézuela 2400%; Zimbabwe: 675%; Soudan du Sud: 82%; Argentine: 45%). L’inflation est pourtant simple à contrôler: l’état ne fait qu’appliquer des taxes et impôts, ce qui prive (ou réduit l’accès) de la monnaie aux entreprises et contribuables. « Nous avons ainsi beaucoup moins à dépenser, ce qui rend la monnaie encore plus rare et précieuse. On peut aussi considérer que le fait de nous priver de notre monnaie laisse une marge de manœuvre à l’État pour dépenser sans causer d’inflation ».
Investir dans les « grands chantiers »
Malheureusement, « tant que l’État continuera de croire […] qu’il a besoin d’obtenir de la monnaie en taxant ou en empruntant pour pouvoir dépenser, il continuera à engager des politiques qui limitent la production et l’emploi et nous empêchent d’obtenir des résultats économiques qui sont par ailleurs facilement accessibles ». Ceci limite à son tour l’accès à la monnaie nécessaire pour réaliser d’importants chantiers. Il y a bien sur plusieurs projets d’infrastructures publiques… mais il y aussi des chantiers qui n’ont pas besoins de cônes orange (ou mauve): les programmes d’aides aux personnes pauvres, celles qui ont des maladies mentales, plus de soins à domicile pour les personnes âgées en perte d’autonomie, des subventions pour adapter le logis des personnes à mobilité réduite. Peut-être aussi un meilleur soutien aux organismes communautaires dont certains ont une clientèle de plus en plus vulnérable. Et s’il était (plus que) temps de revoir nos systèmes de santé, d’administration, de justice, d’éducation, etc.? Plusieurs experts ont colligé suffisamment d’information et développé des scénarios économiques probants – supportant assez de conviction,avec un niveau de confiance suffisant – à l’effet que l’application MMT permettrait la réalisation de ces «chantiers » sans l’habituel contrecoup d’austérité budgétaire!