LANDGRAVES

Date : 8 juin 2020
| Chroniqueur.es : Souley Keïta
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Un court regard sur… LANDGRAVES,

Il suffit d’un bref instant, le temps d’une courte et haletante respiration, un regard court sur un cinéma où se juxtapose nos émotions, les genres, à la rapidité et à la rythmique enivrante, brutale. 

Le court-métrage Landgraves s’accorde pour porter ce costume polymorphique. Entre thriller, faux film d’horreur, drame et aux contrées du suspens, cette œuvre amène le spectateur à embrasser un univers aux multiples questionnements pour avoir le film dans le sang durant un laps de temps conséquent. 

Une définition qui sied à merveille au septième court-métrage de Jean-François Leblanc, passionné des films de David Fincher, Alfred Hitchcock. Après 12 hommes en tabarnak, L’Enfargée, Ordinaires, Le Gars d’la Shop ou encore Le Prince de Val-bé, le réalisateur, originaire de Québec et passé par l’Université de Montréal, nous amène dans un film prenant et dont la tension monte crescendo. 

Ce film nous livre l’histoire de Jérémie, journaliste qui se rend aux confins d’un village isolé pour redorer le blason de deux frères qui compose le groupe de métal Landgraves, accusé et condamné pour un meurtre, quelques années auparavant.  

Un film qui met à mal la résonance d’une prison, non physique, celle des préjugés et des soupçons dans laquelle nous nous enfermons depuis longtemps, malheureusement.

Un film maîtrisé, qui à l’image de ce chalet sous la neige et du jeu de dupes orchestré par Pat (Pierre-Luc Brillant), et son frère Éric (Kévin Saint-Laurent), se joue des vérités ou contre-vérités ensevelies sur la cause de leur emprisonnement, au détriment d’un journaliste qui pense contrôler son entrevue.

Le journal Entrée Libre s’est entretenu un instant avec le réalisateur du film nommé à Regard (festival international du court-métrage) :

Souley Keïta : Il y a une scène qui m’interpelle notamment sur la volonté de contrôler la situation durant l’entrevue et de s’imposer. Comment pouvons-nous le percevoir?

Jean-François Leblanc : On cherchait un peu l’idée du combat entre les deux. 

À la base du scénario, dans le chalet, Jérémie (le journaliste) essayait de reprendre le contrôle de l’entrevue tout le temps et cela ne fonctionnait pas. Finalement, cela finissait par être juste une chicane entre deux gars et ce n’était pas très intéressant. Il reste que ce duel est encore présent dans le film, Jérémie est soumis, mais il essaye quand même de terminer son article notamment lorsqu’il prend la photo de la tache de sang en cachette, mais également lorsqu’il veut prendre la photo du duo Landgraves. 

Ce journaliste se retrouve dans une situation inconfortable dans ce chalet qu’il veut quitter même lorsque Éric lui propose de faire la photo qu’il voulait tant, auparavant. 

C’était la structure, le mood que l’on voulait donner au film. Ce n’est pas un film qui va très vite, mais qui a un long crescendo vers le pic de fin et qui laisse tout de même la place à ces deux interlocuteurs qui vont s’étudier du regard durant ce court-métrage de 22 minutes.

Souley Keïta : Nous avons, à travers ton film, ce puzzle qui construit et déconstruit les informations sur ce groupe de musique.

Jean-François Leblanc : Ce film est fait en « pelure d’oignon » qui s’épluche au fur et à mesure. Alexandre Auger-Fortin (scénariste) décrivait ce projet, lorsque nous le présentions avant de le tourner, comme un faux film d’horreur. C’est un film d’horreur que le personnage principal s’invente qui n’en est pas un, au final. Ce film garde les codes du film de genre, mais cela reste un thriller psychologique. Les menaces ne sont que dans la tête de Jérémie.

Ce film est un puzzle, oui, mais est-ce que c’était vraiment un puzzle? Car il y a un jeu sur la paranoïa de ce personnage qui a déjà des idées préconçues et il ne peut pas en sortir. Il a des informations, mais est-ce qu’elles sont bonnes? Ce journaliste essaye de construire de quoi avec cela, mais est-ce qu’il construit la bonne chose?

Pour notre part, nous voulions laisser le spectateur dans ce questionnement et cette réponse du, « oui, mais… », la fin du film relance cette réponse chez Jérémie, mais également chez le spectateur.

Souley Keïta : À travers Landgraves, nous ressentons des clins d’œil, notamment, Soupçons de Hitchcock.

Jean-François Leblanc : Je suis un grand fan, mais la grande influence pour ce film c’est David Fincher, notamment dans la forme. Ce court-métrage est très clinique, ce n’est pas mon film le plus chaleureux, ce n’est pas celui dans lequel mon cœur est étalé, mais c’est plus mon cerveau reptilien qui transparaît dans ce film, cela fait du bien.

J’ai grandi avec le cinéma de genre, avec les thrillers, avec les films d’action donc c’était bien de retourner vers cela. 

Cela m’étonnait, à quel point j’ai eu la facilité de découper ce film ou de prendre des décisions ! C’est pour cela que nous voulons vite retourner dans ce registre et faire un long-métrage dans la même esthétique, dans le même mood. 

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