Bien triste démarrage que cette élection 2019. J’ai attendu le dernier délai avant de remettre cette chronique en espérant un peu de mouvement mais à date, rien.
Les candidats sont assez convenus et sans surprise. Comme prévu, Justin Trudeau (PLC) demande sa réélection pour éviter un autre Stephen Harper (il faut le reconnaître ça fait peur). Andrew Scheer (PCC) veut remplacer Justin l’accusant d’immoralité dans le dossier SNC Lavalin (oui la moralité flexible c’est malhonnête chez les autres), Élisabeth May le parti écoresponsable de la bande (PVC — Parti Vert du Canada et non le tuyau de plastique), Jagmeet Singh (NPD) le chevaleresque Khalsa promet d’œuvrer pour tous, sans laisser personne de côté, l’outsider beauceron de la droite, de la droite à droite, Maxime Bernier (PPC), celui qui a la solution de rechange (???) et enfin Yves-François Blanchet (BQ) le créateur de richesse, environnementaliste à 2 vitesses. Je plaisante un peu sur chacun(e), mais reste que leurs premiers discours sentent et goûtent le réchauffé. Si cela reste ainsi jusqu’au 21 octobre, les électeurs risquent le décrochage.
Pour le moment, aucun enjeu clair ne se démarque des partis permettant aux électeurs de se positionner, car tous et peu importe leurs divergences ont quasiment le même discours, climat, fiscalité, égalité… Aucune vision ne semble encore émerger, comme s’ils n’avaient pas le goût d’être là. Sauf un, Maxime Bernier qui fait le buzz plus ou moins malgré lui entre son invitation de dernière minute au débat des chefs, et la candidate de la circonscription d’Humber River-Black Creek à Toronto, Ania Krosinska, jeune pinup d’origine polonaise ayant grandi sous la feuille d’érable. C’est peut-être cela dans son programme, prioriser «l’immigration qualifiée»? Alors que c’est le candidat le plus controversé et en quelque sorte le plus différent, c’est lui qui apparaît le plus enthousiaste de la course.
Donc faute d’innovation politique et par leur posture, ces politiciens risquent de se contenter d’accentuer la partisanerie et de basculer du côté obscur du populisme. Le Canada et le Québec n’échappent malheureusement pas au retour progressif et grandissant de cette partisanerie et de la polarisation politique qu’on avait plutôt vues chez les Américains lors des précédentes élections, mais aussi ailleurs dans le monde comme en Europe ou en Amérique du Sud par exemple. Gare donc à la mauvaise surprise…
Si le statuquo demeure, les forces en présence pour cette élection devront redoubler d’efforts pour parvenir à faire lever le nez des électeurs. Surtout ici au Québec où «tout va bien», taux de chômage au plus bas, bonne croissance; mais attention au retour de bâton. L’économie mondiale est molle. La Banque Nationale rapporte que depuis 2 ans, les profits des entreprises sont en baisse partout dans le monde, et ce, de façon plus marquée dans les pays émergents. Même aux États-Unis, malgré la réforme fiscale, les prévisions de profits continuent de se détériorer.
L’influence américaine est telle qu’on en vient facilement à penser, et à raison, que ce qui arrive aux États-Unis aurait forcément des conséquences sur notre propre quotidien ici… Et c’est peut-être bien à cause de cela et aiguillés par de vrais conseillers économiques et financiers que la majorité des partis en lice ne promettent plus d’équilibrer le budget d’ici 4 ans, car un nouveau signal majeur est venu s’ajouter.
Le surendettement civil, public et privé des É.-U., les bulles sont colossales, bien plus qu’en 2008. La FED baisse régulièrement ses taux depuis un an, fait tourner la planche à billets à plein régime pour éviter la surchauffe. La récession est inévitable quoiqu’en dise Trump (le super entrepreneur spécialiste en faillite). Mais plus grave, d’autres signaux pressentent une dépression économique américaine et se croire à l’abri est une illusion.
Alors, posons ces questions aux candidats, brassons-les un peu, demandons des solutions et non des objectifs. Car ils et elles le savent, si l’économie américaine baisse ou s’effondre dans les prochaines années, les répercussions sur un Canada sans parachute ou un nouveau modèle seront, elles aussi graves, voire catastrophiques et pensez bien que la question écologique sera complètement rayée de la carte des priorités. À bon entendeur…