Nanimissuat — Île-tonnerre
Natasha Kanapé Fontaine, 2019
Si se raconter, c’est se confier, alors le quatrième recueil de poésie «Nanimissuat — Île-tonnerre» est une porte ouverte vers l’intérieur. Natasha Kanapé Fontaine, poétesse, interprète, comédienne et militante innue de Pessamit (Côte-Nord) a reçu le Prix des écrivains francophones d’Amérique pour son recueil «N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures» publié en 2012. Pour ce recueil récemment paru, on y trouve une naissance et renaissance tour à tour par l’île, la grand-mère, la mère et la fille dévoilant en reflet et revers un regard chargé d’histoire et d’émotions éclatant de vérité qui nous transporte sur un ton de confidence. Il semble que la voix des femmes en elle tente de se frayer un chemin et de trouver sa place pour se libérer. Reconnaître l’Histoire et les ancêtres donne lieu aux blessures transmises qui peuvent être pansées, du moins exprimées. Le recueil présente un territoire intérieur de voix à reconstruire pour se défaire et se refaire. Que l’on soit autochtone ou non, la poésie peut être une lecture créatrice de guérison. Peut-être l’exutoire se trouverait-il où «l’île-tonnerre tremble / La planète et les astres / Les ouragans galopent / Les orages cavalent».
Avant les rues
Chloé Leriche, 2016
Dans son second long métrage, la réalisatrice Chloé Leriche relate les déboires de Shawnouk, un jeune atikamekw qui tente de se débrouiller tant bien que mal, hors de sa communauté. Pris avec divers problèmes relationnels et financiers, au chômage et avec des fréquentations peu recommandables, il se retrouve au coeur d’un vol à main armée qui vire au drame. Ayant assassiné un homme, il décide de retourner vers sa communauté et de renouer avec sa culture, en quête de rédemption. Le scénario proposé traite de thèmes tels que la criminalité, la pauvreté, l’identité et la difficulté de vivre sur une communauté autochtone. Tourné à Manawan, avec des acteurs amateurs provenant des communautés atikamekw de Manawan, Wemotaci et Obedjiwan, Chloé Leriche réussi le pari risqué de tourner le premier film entièrement en langue atikamekw qui soit. Malgré quelques longueurs, l’oeuvre s’en tire pas mal, avec plusieurs prix et nominations, depuis son lancement au Festival de Berlin, en 2016. Entre autres, le long métrage s’est valu le prestigieux prix Luc-Perreault de l’AQCC en 2016, pour le meilleur film québécois.
Atanarjuat, la légende de l’homme rapide
Zacharias Kunuk, 2001
Les légendes proviennent souvent d’un ancien temps. Celle-ci provient d’un temps autre. En effet, il est impossible, lorsque l’on regarde le film de Zacharias Kunuk, de savoir si la vie de ces hommes et de ces femmes des glaces et des terres désolées se passe à une époque révolue ou ayant toujours cours aujourd’hui. Ce trouble vient probablement de la véracité des décors et des costumes. Les personnages sont habillés de peaux de phoques, de loups, de morses que l’on reconnait au détour d’un manteau ou d’une paire de bottes. Mais ces peaux sont avant tout des manteaux et des bottes, c’est-à-dire la seule façon de survivre dans ce désert de glaces. Et c’est peut-être ce qui saisit le plus dans cette légende de «l’homme rapide»: comment des hommes et des femmes ont-ils pu s’établir et survivre sur de telles terres désolées. Ce que l’on découvre, ce qui crée l’empathie, c’est qu’ils sont simplement des Hommes: avec leurs faiblesses, leurs lâchetés et leurs convoitises, et ce même si survivre en dehors de la communauté parait impossible. Un film initiatique pour une histoire universelle.