Il y a bien des choses qui sont louches dans la vie. Souvent nos gouvernements sont en tête de liste et les multinationales viennent un peu plus loin. Si vous ne me croyez pas, testez cette idée lors de votre prochaine rencontre sociale. Je vous garantis que vous allez vous récolter un ami. « Le gouvernement et les multinationales, c’est louche hein? – Ben oui, t’as raison, je suis d’accord! »
Pourtant, ce n’est pas des grosses choses comme les multinationales qu’il faut se méfier, mais des petites choses comme… le café. Le café c’est louche. Selon Statistique Canada, les Canadiens en consomment en moyenne 393 grammes par jour. C’est louche en titi. Surtout qu’ils mettent ça en grammes et non en litres. Ça fait encore plus « junkie ». Les gens ne sniffent pas du café évidemment, mais mes doutes sont ravivés lorsque je lis sur un blogue que « le secret d’un bon café, c’est un grain de café parfaitement moulu ».
Wow! Merveilleux! Avec un peu d’ingéniosité, la caféine peut possiblement passer directement au cerveau si on contracte les narines un peu. Suffit de faire un petit effort nasal et de choisir des grains pas trop rugueux pour éviter les saignements. Optez pour les cafés veloutés de préférence. Non, mais franchement… Suis-je le seul à constater que nous sommes rendus à l’étape nasale de notre obsession? Moi je trouve ça louche qu’on place des gros barils pleins de café au bout des allés des épiceries. Pas vous? Ok, je sais que c’est le fun de plonger sa main dans un tas de grains lisses, mais au-delà de ce plaisir, posons-nous la question : a-t-on besoin d’autant de café?
D’où vient cette obsession d’en consommer? Savez-vous pourquoi vous buvez du café? La plupart des gens n’ont pas d’arguments pour expliquer leur habitude autres que des affirmations douteuses du genre « ben c’est parce que j’aime ça. » Ce genre de réponse m’inquiète… Et pourquoi autant de sortes? Non, mais sérieusement… A-t-on vraiment besoin d’autant de sortes de café qu’il y a de pays dans le monde? Le café c’est une boisson chaude, pas l’assemblée générale de l’ONU! Revenez-en!
C’est fâchant qu’on accorde autant d’attention au café et si peu à d’autres breuvages comme le jus d’orange. Je suis désolé, mais le jus d’orange a droit à son heure de gloire aussi. Car pendant qu’on s’évertue à créer des centaines de sortes de café et des dizaines de façons de le faire (filtre, instantané, espresso, turc, infusé), aujourd’hui, en 2012, il n’a que deux types de jus d’orange possibles : avec ou sans pulpe. C’est déplorable!
Ça va faire, là! Le café occupe trop d’espace social! Aujourd’hui, même les mécanos peuvent triper café, car toute bonne brûlerie a sa section « machines ». Je sais que ça peut être « branché » d’avoir sa machine, mais pourquoi payer 1000$? Le café instantané, ça existe, le saviez-vous? Mais ça n’a pas de classe, c’est vrai… Le café machine, c’est meilleur, c’est « avoir du goût ». Vraiment? Moi j’appelle ça « avoir le goût de dépenser son argent ». Eh oui! Encore une fois, le café monopolise le marché des breuvages, car après avoir dépensé 1000$ pour une caf-machine, qui veut s’acheter un extracteur à jus? Personne! Et c’est encore le jus d’orange qui en paye le prix…
Tout cela est louche, mais je me dis que c’est peut-être relié à l’effet no 1 du café : la motivation. C’est la seule hypothèse que je vois pour comprendre comment des machines à liquide brun de 1000 $ peuvent exister. Soyons réalistes : le jus d’orange ne fait pas ça. De plus, si l’effet premier du café est la motivation, c’est à se demander pourquoi les gens en boivent autant. Notre société serait-elle naturellement non motivée? Le dicton populaire dit que chaque bureau a sa machine à café. Et c’est compréhensible, car classer des dossiers, c’est plate à jeun, disons-le. Vaut mieux boire un café et découvrir l’inouï plaisir de les classer par couleur.
Qui sait? Dans une société déficitaire en orientations signifiantes, le café est peut-être le percolateur dans lequel s’infusent mille et une idées inutiles. Évidemment, il se peut que mes propos soient exagérés (je viens tout juste de finir un café), mais bon… Il reste que je milite pour un monde voulu et non moulu. Le café c’est louche. Rappelez-vous-en…