Nous sommes à la fin juillet, sur une terrasse, avec l’équipe de rédaction à cogiter le numéro présent, quand un membre de l’équipe nous demande si les Autochtones peuvent voter. Au début, la réponse est unanime: «Oui, bien sûr!» Puis, s’en suit quelques: «Enfin, je pense…» pour témoigner de l’hésitation qui nous gagne. C’est d’ailleurs le point que notre collègue tentait de soulever, avec sa question initiale; c’est-à-dire qu’on a tous une idée de ce qu’est un Autochtone, grosso modo, mais aucune certitude. C’est donc bien humblement que je m’en suis allée faire mes devoirs, pour tenter de comprendre et expliquer ce qu’est un Autochtone, dans le contexte actuel.
Au Québec
Présentement, l’on dénombre 10nations autochtones ainsi que la nation inuite en sol québécois, pour un grand total de 104633individus, soit environ 1% de la population de la province. La plupart des Autochtones recensés vivent dans l’une des 55 communautés du territoire et il en va de même pour les Inuits, qui résident majoritairement dans l’un des 14 villages nordiques du Québec.
À Sherbrooke, on peut retrouver des traces de la présence des Abénaquis, bien que ceux-ci aient lentement été repoussés par l’installation de colons anglais en provenance des États-Unis.
La Loi sur les Indiens
Il est impossible de tenter de définir ce qu’est un Autochtone sans faire mention de la Loi sur les Indiens! En effet, cette loi, en vigueur depuis 1876, définit le statut d’Indien, ainsi que les avantages et les obligations qui en découlent. Dans sa première version, elle définit comme Indien tout homme appartenant à une bande, ainsi que sa femme et ses enfants.
À l’origine, cette loi avait des visées assimilationnistes, puisqu’elle avait pour but de restreindre la transmission du statut aux générations futures par diverses mesures. Par exemple, une femme indienne mariant un non-Indien perdait automatiquement son statut. Il en allait de même automatiquement pour les Indiens qui servaient dans l’armée ou qui obtenaient un diplôme universitaire. De plus, le statut d’Indien donnait aux Indiens inscrits le même statut juridique que celui d’un mineur. Ce faisant, il pouvait paraître intéressant de s’en «affranchir», bien que cela signifiait aussi la perte de la reconnaissance de l’ascendance indienne et du statut.
En 1951 et en 1985, la loi a été réformée afin d’abolir certains articles sexistes ou discriminatoires. Ainsi, en 1985 seulement, il est possible pour les femmes de conserver leur statut en épousant un non-Indien.
À ce jour, la loi stipule qu’un individu ayant au moins un parent indien est Indien. Cependant, s’il ne possède qu’un seul parent indien, il ne peut transmettre son statut à son enfant, si celui-ci est né d’une union avec une personne n’ayant pas le statut d’Indien.
Quelques mythes tenaces…
Pour en revenir à la question à l’origine de cet article… Et bien oui, les Autochtones peuvent voter, puisqu’ils sont des citoyens à part entière! La confusion vient du fait qu’avant 1960, leur statut les empêchait de le faire, puisqu’ils n’étaient pas considérés comment des citoyens canadiens.
Les Autochtones ne payent pas d’impôts… uniquement s’ils vivent et travaillent sur une communauté autochtone! À cet effet, près de la moitié des Autochtones travaillent à l’extérieur de leur communauté, ce qui rend leurs revenus imposables.