Depuis un an les mobilisations de masse en lien avec les enjeux environnementaux prennent de l’ampleur. On prévoit des mobilisations et des grèves dans plus de 100 pays ce 27 septembre!
Jumelé aux rapports scientifiques nous appelant à changer profondément et rapidement nos sociétés, un élément déclencheur des mobilisations fût la démission en août 2018 du ministre français Nicolas Hulot responsable de la Transition écologique au sein du gouvernement du président Macron. Avec un parcours qui devrait faire réfléchir Steven Guilbeault, candidat libéral aux prochaines élections, Hulot a démissionné en direct à la télévision. Il a affirmé que les lobbys pollueurs sont plus influents que les ministres dans le gouvernement et qu’il ne pouvait plus mentir et se contenter de changements cosmétiques.
Le 8 septembre, plus de 100000 personnes se mobilisent en France et dans plusieurs dizaines de pays pour exiger une véritable transition écologique. Au Québec le groupe «La Planète s’invite au Parlement» organise des marches pour que ces enjeux soient abordés dans la campagne électorale. Effectivement, cette campagne a vu les changements climatiques et l’environnement prendre une place jamais vue jusqu’à maintenant avec un parti émergent, Québec solidaire, qui a proposé des mesures avec un Plan de transition.
Par la suite, des mobilisations ont lieu en novembre et en décembre et elles prennent de l’ampleur atteignant 50000 personnes le 8décembre à Montréal. Plusieurs municipalités dont Sherbrooke appuient la Déclaration d’urgence climatique. Le Pacte pour la transition popularisé par l’artiste Dominic Champagne suscite beaucoup d’intérêt récoltant des centaines de milliers de signatures, mais aussi des réactions conservatrices de certains chroniqueurs.
On voit ces mêmes chroniqueurs récidiver contre la jeune suédoise Greta Thunberg qui a popularisé les grèves du vendredi dans les écoles secondaire depuis un an. Son discours franc et direct pour exiger des actions concrètes rompt avec une pratique de lobbying pour influencer les gouvernements et les grandes compagnies. À la COP24, grande réunion internationale sur le climat ayant eu lieu en décembre dernier, elle prononce un discours retentissant et ce, à l’âge de 15 ans.
Elle déclare: «Nous ne sommes pas venus ici pour supplier nos dirigeants de s’en soucier (de l’environnement). Vous nous avez ignorés hier, vous nous ignorerez demain. Vous n’avez plus d’excuses et nous n’avons plus le temps. Nous sommes venus ici pour que vous sachiez que le changement arrive, que vous soyez d’accord ou non. Le vrai pouvoir appartient au peuple. »
«La Planète s’invite à l’université, à l’école, au communautaire»: on a assisté à l’élargissement de ce type de collectifs depuis et à la formation d’un Front commun pour la transition énergétique reconnaissant la justice sociale et climatique comme un tout. Nous avons vu aussi le collectif «Extinction Rebellion» issu de l’Angleterre s’implanter au Québec et plaider pour un changement radical avec des moyens de désobéissance civile comme des blocages.
Le point culminant des mobilisations a lieu le 15 mars dernier avec 150000 personnes à Montréal et des dizaines de milliers de personnes ailleurs au Québec dont la grande marche de Sherbrooke. Les écoles, du secondaire aux universités, forment le cœur des grèves qui sont les plus massives depuis le printemps 2012.
Même si la CAQ commence à parler d’environnement et que les libéraux fédéraux annoncent des changements comme l’interdiction des pailles de plastique pendant qu’ils achètent un pipeline pour exporter davantage de pétrole des sables bitumineux, le mouvement n’est pas dupe. Il s’organise et il s’élargit y compris dans les plus petites villes peu habituées aux manifestations: en formant des alliances avec les mouvements d’opposition actifs comme les comités citoyens contre le gaz au Saguenay et contre le pétrole en Gaspésie et avec les communautés autochtones qui sont à l’avant-plan des luttes pour la protection des territoires. La participation des organisations larges comme les syndicats peut créer un rapport de forces déterminant pour que de véritables changements systémiques aient lieu. Ces alliances sont en construction.
Appel du collectif «La planète s’invite au Parlement»
17 mai 2019 — M. François Legault, M. Justin Trudeau, la «main tendue», c’est fini. Nous avons marché pendant des mois, vous nous avez ignorés. Nous avons hurlé: vous avez feint de ne pas nous entendre. La jeunesse s’est dressée devant vous, à toutes les semaines, pendant des mois: vous lui avez tourné le dos.Nous avons haussé le ton, avons crié «wake up câlisse!»: vous ne vous êtes pas réveillés. Vous nous trouvez «cute», avec nos manifs? Regardez-nous bien aller. On va frapper sur le seul clou qui semble vous préoccuper, le seul qui vous fait mal: l’économie et la productivité.
Le 27 septembre prochain, on paralyse le système. Travailleurs et travailleuses, étudiants et étudiantes du Québec, UNISSONS-NOUS! En route vers une GRÈVE GÉNÉRALE PLANÉTAIRE.
Puisqu’il le faut.