Une amie que j’ai croisée au Maxi me demande: «Puis, finalement, le projet de passerelle sur le vieux pont de train, c’est pour quand?». Et moi de lui répondre ce que l’article dans la Tribune disait: «La prochaine étape, c’est de monter une pétition pour appuyer leur projet». Et pour répondre à sa question, j’essaie de lui donner une date de début des travaux qui soit le plus proche possible! Et cela m’écœure: «Trois ans!» Oui, cela m’écœure! J’ai simplement cherché à imaginer comment le gouvernement du Québec et la Ville de Sherbrooke feraient cheminer ce projet citoyen et au plus profond de moi, les connaissant dans leur lourdeur administrative, je ne vois pas comment ils agiraient plus vite. Un projet pourtant très simple!
Ce qui m’a le plus révolté, c’est de lire dans l’article que le statut de moratoire sur cette voie ferrée ne semble pas encore réglé! Eh oui! Pour étudier la question d’une piste cyclable entre Coleraine et Sherbrooke, en convertissant cette voie ferrée, le gouvernement a émis un moratoire pour évaluer la pertinence du chemin pour un retour éventuel d’un train. Belle façon de ralentir un projet. Il y avait une décision à prendre, est-ce que le MTQ a l’intention de remettre cette voie ferrée un jour en opération? Ils savent que c’est non! Mais pour bien faire… Le gouvernement doit étudier la question et émettre un moratoire. J’aimerais bien voir les procès-verbaux de ces rencontres! J’étais tout content d’apprendre que le ministère des Transports avait accordé deux subventions totalisant au moins un demi-million pour convertir 20 kilomètres de ce chemin de fer en piste cyclable entre Weedon et Coleraine, en me disant: bon! ils ont levé le moratoire! Et là, de lire que la levée du moratoire n’est pas encore annoncée dans le cadre du projet de passerelle! Bien voyons! Que la prochaine action sera de lever une pétition! Bien voyons! On nous annonçait cette année qu’il ne nous reste plus beaucoup d’années pour réussir à stabiliser le réchauffement climatique… Et tout le monde se comporte comme des enfants, comme s’il n’y avait pas de réelles conséquences à cela! Comme si, au fond, l’enjeu ne dépendait pas vraiment de nous! Simplement un peu… indirectement!
Si c’était une centrale nucléaire qui menaçait d’exploser à cause d’une surchauffe… On n’agirait pas comme cela! Le réchauffement climatique risque de causer des torts à la biodiversité de la planète comparables à l’explosion de combien de centrales nucléaires pensez-vous? Trois? Dix? Cent? Mille? Plus que mille?
Quand il fut temps dans l’histoire de défendre des convictions en se lançant dans des conflits armés généralisés, nos sociétés se sont mobilisées comme des malades à se construire des arsenaux, des bombes, des bateaux, des armées. Mais là, parce que le problème ne se règle pas en bombardant tout simplement d’autres pays… On se contente de déclarer qu’il y a urgence! L’Alberta a beau brûler comme jamais! On n’arrive toujours pas à comprendre que chaque moment d’hésitation est un luxe mortel pour la biodiversité et la viabilité de l’environnement.
Autre chose qui m’a révolté… C’est dans le dossier du projet de train de passagers entre Montréal et Sherbrooke. Cela fait maintenant, quoi…? Trois ans que le promotteur (monsieur Rebello) a remis son étude et son plan? Et à force de prendre trop de temps pour appuyer le projet (je parle de Sherbrooke), voilà que la compagnie du chemin de fer ne semble plus croire au projet, du moins, ils ne veulent plus y investir. Bon, les chemins de fer, c’est de juridiction fédérale? Moi, en tant que ministre des Transports ou de premier ministre canadien, je ferais asseoir tout ce beau monde-là (les maires des villes concernées, le promotteur, la compagnie de chemin de fer et les représentants du gouvernement provincial), et je dirais: «Fini le niaisage! Nous allons nous réapproprier le chemin de fer! Il n’est pas vrai que nous allons investir des millions dans un chemin qui ne nous appartient pas! Vous voulez un train entre Montréal et Sherbrooke, et vous avez besoin d’un chemin de fer qui tienne la route! On va vous le donner! Nous allons obliger la compagnie de chemin de fer à nous vendre ses actifs sur le territoire canadien… À moins qu’elle ne décide d’investir une somme importante… Peut-être même plus élevée que celle prévue au départ! Tout simplement parce qu’on n’est pas des cons! S’ils préfèrent se contenter de transporter du pétrole sur ce chemin… Ils auront beau l’avoir acheté en bonne et due forme, si nous voulons que ce chemin de fer redevienne une route pour le train de passagers, pourquoi hésiter? Reprenons-le!».
Ce n’est pas d’une pétition qu’on a besoin! Mais du courage d’en venir aux barricades!