J’ai croisé mon bon ami Bob Pouliot, derrière son comptoir aux équipements Bob Pouliot! Cela fait un bail que je ne m’étais pas arrêté pour lui faire la jasette. Toujours avec la même excuse! Lui parler de gratuité du transport en commun! Salut Bob! As-tu deux minutes? Et là, j’enfilais mon discours… Et, à chaque fois, il m’écoutait avec l’air de comprendre ce que je lui disais avec un hochement de tête paternaliste. À chaque fois, j’étais un peu déçu, car, il concluait en me disant qu’on pourrait commencer avec l’autobus à 1$. Et surtout, il ne se mouillait pas! Cela restait une simple conversation entre lui et moi!
Mais, cette fois, mon énergie était différente… J’avais un tout autre intérêt! Mon fils veut s’équiper d’une chaise à bureau de luxe! Et, il pense que les meilleures chaises à bureau sont sur Amazon! Je me promets de l’amener magasiner à l’ancienne! Chez un fournisseur d’équipement à bureau sur Wellington! Ma stupéfaction fut de voir un tout autre Bob? Avez-vous croisé Bob dernièrement? Cheveux longs gris de chaque côté! On dirait un artiste, ou un professeur de philosophie à la retraite! Bref, on a parlé transport en commun! C’était immanquable. Ce qui m’a surpris, c’est ce sérieux avec lequel il abordait la question! Peut-être parce qu’il n’est plus conseiller municipal, mais ce bon vieux Bob m’expliquait comment avec un calcul exhaustif des externalités économiques positives et négatives d’un projet de gratuité totale du transport en commun, démontrerait selon lui une rentabilité largement positive. Comme je sortais d’un dîner-causerie sur le transport en commun et que les participantes avaient conclu au besoin de créer une coalition pour veiller au bon développement du transport en commun, je lui ai demandé s’il se voyait joindre une telle coalition. Après son deux ans de grâce qu’il doit respecter en tant qu’ancien élu avant de pouvoir faire quelque forme de lobbying, soit en novembre 2019… oui! C’est une chose qu’il pourrait envisager!
Le transport en commun a juste besoin que plus de monde s’y intéresse. Une classe de génie mécanique à l’université faisait la présentation cette même semaine de ses idées pour optimiser le transport en commun. En jasant avec eux, l’idée de rendre gratuit l’extérieur de l’heure de pointe faisait plein de sens. La plupart des projets visaient à faire remplir les autobus. Il y a même un groupe qui proposait un financement par chaque ménage sherbrookois, à l’exemple de l’entente avec l’Université de Sherbrooke, mais, qui serait régressif avec l’usage jusqu’à faire baisser de moitié le paiement de cette taxe transport. Autrement dit, au lieu d’une politique d’utilisateur payeur, ces universitaires suggéraient d’encourager l’utilisation d’un libre-accès au transport en commun en comptabilisant chacun des passages dans l’autobus par le truchement de la carte Vermeilleuse. Intéressant, n’est-ce pas? Tu habites à Sherbrooke… Ton propriétaire, en signant ton bail, te remet une carte Vermeilleuse enregistrée à son compte de taxe et t’invite à laisser ta voiture tranquille et à prendre le transport en commun, dans la mesure du possible! La même chose pour les membres d’un ménage unifamilial! D’ailleurs pour avoir participé à une consultation publique sur la politique de stationnement pour le centre-ville, la Ville semble s’orienter pour créer des stationnements incitatifs.
D’ailleurs, c’était le projet d’un groupe: créer un stationnement incitatif à l’angle ouest du chemin Sainte-Catherine et boulevard Université. Les automobilistes entrant ainsi dans Sherbrooke, soit par la 410, soit par le chemin Sainte-Catherine, pourraient se stationner et profiter de l’offre de transport en commun sortant de l’Université de Sherbrooke. Ces universitaires ont calculé la fluidité que pourraient gagner les autobus négociant leur entrée sur le campus, si on réduisait le flux de véhicules descendant le boulevard Université.
Une autre idée avancée par ces universitaires serait de noliser des autobus scolaires pour le déplacement des étudiantEs le matin. Ce que j’aime avec cette idée, c’est que l’autobus ne fait que prendre des personnes qui ont une seule destination: l’université! Aucune descente en chemin, les personnes entrent dans l’autobus et le remplissent en commençant par le fond.
La dernière équipe avec qui j’ai jasé propose de créer une voie réservée au transport collectif en retirant le stationnement sur le long de la rue King. Je leur ai expliqué que ce projet aurait plus de chance d’être accepté par les commerçants si celui-ci avait comme aboutissement l’aménagement d’une ligne de tramway à partir de cette voie réservée. Avec un tramway devant leur commerce, d’ici 5 à 10 ans, dépendant de l’amour que la population mettrait à changer ses habitudes de transport, il me semble que cela se vend mieux!
En tout cas, cela fait du bien de savoir qu’on s’intéresse à mettre en place une stratégie de mobilité qui nous éloigne de la voiture en solo. J’ai même réussi à avoir le numéro de téléphone d’un brillant étudiant qui a reproduit un algorithme pour optimiser les feux de signalisation de l’intersection King et Jacques-Cartier. Quand je lui ai appris que l’application Vermeille a été construite avec du logiciel libre, il a tout de suite allumé.