Il y a un vent de fraîcheur qui souffle sur notre cinéma québécois depuis un certain temps avec de jeunes réalisateurs qui signent leur tout premier long-métrage de fiction. On a qu’à penser à Francis Bordeleau (Wolfe), Yan Giroux (À tous ceux qui ne me lisent pas), Rémi St-Michel (Avant qu’on explose) et maintenant Geneviève Dulude-de Celles, avec Une colonie.
Le film raconte l’histoire de Mylia (Emilie Bierre), 12 ans, vivant en campagne, près d’un territoire autochtone et faisant son entrée dans le monde du secondaire. Elle aura moins de temps à consacrer à sa jeune sœur Camille (Irlande Côté) et devra faire face à cette nouvelle étape scolaire d’adultes en devenir. La réalisatrice est ici en terrain connu, car elle a signé en 2016 le film Bienvenue à F.L., un documentaire traçant le portrait de jeunes adolescents d’une école secondaire de Sorel-Tracy.
La jeune Emilie Bierre, qu’on avait vue précédemment dans le film Catimini (2013), porte sur ses épaules le rôle-titre du film. Celle qui apparaît dans pratiquement tous les plans tire son épingle du jeu de façon magistrale. Elle est crédible, sensible et pétillante. On peut dire que 2019 est son année cinéma, car elle sera également présente prochainement dans deux autres productions québécoises, dont Dérive de David Uloth et Genèse, de Philippe Lesage. Quant à la petite Irlande Côté, elle est touchante, craquante de vérité et possède un talent naturel pour le jeu. On retrouve également à l’écran, les jeunes Jacob Whiteduck-Lavoie et Cassandra Gosselin-Pelletier. Les parents de Mylia et Camille sont joués par Noémie Godin-Vigneau et Robin Aubert. Plus effacés, mais sans pour autant être moins efficaces dans l’histoire.
Le malaise est palpable chez l’héroïne qui doit s’intégrer au village, à l’école et à l’ambiance incertaine entre ses parents. Cependant, on n’est pas dans la lourdeur, mais plutôt dans l’empathie face à cette jeune femme qui tente tour à tour de se cacher et de prendre sa place. Les fausses amies, les fêtes trop arrosées et la résistance aux changements viendront teinter son quotidien.
Dans la microsociété que constitue l’école, une professeure dévouée et limite infantilisante viendra soulever de plus grands débats que prévu en abordant l’histoire des premiers colons. On ne retrouve pas souvent des personnages principaux timides au cinéma et Emilie Bierre remplit bien cette délicate mission. Mylia se liera tout de même d’amitié avec un voisin aux racines autochtones, détenteur d’un trampoline par-dessus le marché. La relation amour-haine entre Mylia et Camille fonctionne à merveille. Tour à tour détestée et protégée par son aînée, la mignonne Camille nous fait rire plus d’une fois.
Enfin, bien qu’elle ressente la pression sociale, Mylia apprivoisera tranquillement sa vraie nature : une personne qui ne peut que dépasser lorsqu’elle colorie.
Le film est présentement à l’affiche à la Maison du cinéma.