Marie-Monique Robin, qui nous avait offert en 2008 le documentaire Le monde selon Monsanto, nous revient cette fois-ci avec un autre documentaire environnementaliste appelé Qu’est-ce qu’on attend? Tourné sur quatre saisons en 2015, le film se concentre sur le village alsacien d’Ungersheim, qui en 2009 a lancé un programme de démocratie participative, intitulé « 21 actions pour le XXIe siècle ». On y aborde l’alimentation par la culture locale, l’énergie grâce à l’implantation d’une éolienne, les transports avec le retour du cheval, l’habitat alliant anciennes techniques et modernité, l’argent, le travail et l’école. Ultimement, le village souhaiterait être complètement autonome, à l’aide d’une activité et une production localisées qui réduiraient les dépenses énergétiques. Une monnaie locale a même été instaurée : le radis. Depuis 2005, 120 000 euros ont été économisés en frais de fonctionnement. Quant aux émissions directes de gaz à effet de serre, elles ont été réduites de 600 tonnes par an. Et cela sans compter la centaine d’emplois qui ont été créés.
Permettez-moi de faire l’avocat du diable : d’un point de vue cinématographique, la réalisation est correcte, sans plus. Le film se destinait à la télévision au départ et ça se ressent au niveau du traitement de l’image. Il y a un aspect qui est également manquant au film, une contrepartie. C’est-à-dire que le documentaire met en scène ce village d’Ungersheim où tout leur réussi. Il aurait été intéressant de voir d’une part les obstacles qu’ils ont dû traverser pour en arriver là et de voir ou d’entendre des gens qui sont contre le projet de transition, car malheureusement, ces gens doivent exister quelque part. Il manque une certaine trame narrative enlevante, qui nous laisse plutôt avec l’impression d’un village de Schtroumpfs, où tout le monde est heureux. Cela dit, je crois que la réalisatrice a plutôt opté pour un message porteur d’espoir où tout se peut si les gens collaborent entre eux.
Ce film a une fonction très utile, celle de nous faire prendre conscience que nous sommes d’une part déconnectés de la nature qui nous entoure, mais qu’il est encore temps de se réveiller et de s’y investir complètement. Le village d’Ungersheim ne veut pas nécessairement revenir en arrière au niveau de l’évolution, mais nous rappeler que ce n’est pas parce que nous évoluons, que nous allons dans la bonne direction pour autant. Nous le savons, les changements climatiques sont bien réels et leurs effets se font sentir un peu partout sur la planète. Les habitants d’Ungersheim ont décidé d’arrêter de faire du surplace et de se dire, justement, qu’est-ce qu’on attend? Ils ont emboîté le pas en espérant que ce projet allait faire des petits.
C’est une réussite, car le film a fait écho un peu partout dans le monde et même ici, à Sherbrooke. Enregistré officiellement comme OSBL en mai 2017, Sherbrooke en Transition est un comité citoyen autogéré qui œuvre bénévolement à mettre en place des outils pour promouvoir les initiatives locales existantes et la création d’alternatives novatrices, afin de faciliter l’émergence d’une résilience locale dans la communauté sherbrookoise et agir comme agent liant dans l’écosystème de l’engagement citoyen à Sherbrooke.
Vous voulez-voir Qu’est-ce qu’on attend? Ça tombe bien, car ce vendredi, 7 septembre 2018, La Maison du Cinéma organise un événement spécial pour la première du film à Sherbrooke. Pour l’occasion, la projection sera suivie par l’intervention de quatre membres de Sherbrooke en Transition, qui viendront vous expliquez comment devenir un vrai acteur de transition à Sherbrooke. Il y aura donc présence de Valérie Boisvert, membre fondatrice de Sherbrooke en Transition, Christine Labrie, membre de Sherbrooke en Transition et également Candidate de Québec Solidaire à Sherbrooke. Se joindront à elles, deux autres membres de Sherbrooke en Transition, soit Josée Lachance et Diane Bergeron.
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