Vivre intensément, être une artiste, avoir une difficile conciliation travail-famille ne sont que quelques-uns des thèmes abordés dans Plonger, cette adaptation de la réalisatrice Mélanie Laurent. C’est parfois une quête passionnée et dangereuse que celle de trouver sa voie. À quoi est dû ce vide intérieur et y a-t-il une façon de l’apaiser enfin, voilà les questions que soulève la comédienne principale. La vie de couple et la vie artistique constituent un parcours intrigant et déchirant que l’on suit avec intérêt. La première partie nous fait davantage entrer dans l’esprit de la femme et la seconde dans la tête de son amoureux, confronté à ses vieux démons.
Dans la première partie, nous suivons la noirceur du personnage de Paz, cette femme tourmentée, représentée par cette lumière claire obscure. Nous sentons une présence sous l’eau, un monstre intérieur qui nous appelle. Dans la deuxième partie, la lumière est cette fois-ci éclatante, voire éblouissante, comme cette nouvelle choc, qu’apprend César, l’amoureux de Paz.
Comme son titre l’indique, le film contient beaucoup de scènes sous l’eau. Les acteurs ont d’ailleurs dû composer avec cet élément qui les terrifiait. En effet, la doublure de Gilles Lelouche (César) n’a pas réussi à affronter les profondeurs de l’océan, c’est donc Lelouche lui-même qui a dû enfiler la combinaison et s’aventurer sous l’eau, une expérience qu’il a qualifiée comme étant la peur de sa vie. Quant à Maria Valverde (Paz), elle a dû non seulement surmonter sa peur de l’eau, mais aussi apprendre à parler en français phonétiquement, pour bien camper son personnage. Cette eau, jamais bien loin, est aussi représentée par ces nombreuses teintes de bleu présentes tout au long du récit. Le bleu au cinéma peut représenter la réflexion, les pensées, les voyages, les découvertes de soi et du monde extérieur, mais aussi les remords et la nostalgie. Tous des aspects représentatifs de l’état d’esprit des personnages de Plonger, particulièrement celui de Paz.
La direction photo est splendide, les scènes sous l’eau sont magnifiques, elles nous donnent le goût de nous y plonger également. La première partie du film, caméra à l’épaule est active, dynamique, pour tomber tranquillement dans des plans fixes, représentant la routine et l’immobilité qui s’installent dans le couple. Les scènes de disputes sont quant à elles tournées en plan-séquence, ce qui permet de maintenir la tension.
Au niveau du scénario, c’est moins réussi. Il y a tellement d’éléments présents qu’on finit par se perdre un peu dans cette histoire en se demandant finalement, outre les questions soulevées, quel message veut-on nous laisser? Le fait que ce scénario, adapté du roman de Christophe Ono-dit-Biot, a été amputé de plus de 500 pages est peut-être un élément à cette réponse. En contrepartie, Mélanie Laurent choisit de ne pas nous donner toutes les clés de cette histoire et c’est dans cette ambiance énigmatique que le spectateur baigne; il peut ainsi interpréter librement le film. La toute dernière scène illustre à merveille cette idée.
Le film est disponible dès aujourd’hui à La Maison du cinéma.