La précarité que nous vivons nous pousse à chercher des coupables, des boucs émissaires. Le racisme ambiant nous amène à penser que l’immigration en est la cause principale. Plutôt que de reconnaître des êtres humains qui se butent aux frontières en quête d’une vie meilleure, les personnes migrantes sont tantôt perçues comme une menace, tantôt comme du précieux cheap labor. Ce faisant, on empêche ces personnes, où qu’elles soient, de se sentir chez elles.
Les préjugés racistes sont nombreux. On les entend, jour après jour, à la télé, à la radio, dans la rue, au travail, dans nos familles, etc. Dans ce premier texte d’une série de contributions, nous vous proposons des outils pour déconstruire les préjugés les plus récurrents en lien avec le travail et l’économie. D’autres porteront davantage sur la culture et les stéréotypes racistes.
1. « Les immigrants nous volent nos jobs! »
Devant la précarité des emplois de plus en plus présente et la concurrence vive pour obtenir des postes, plusieurs affirment que l’immigration est une menace et que les jobs se font voler. Pourtant, l’immigration n’est aucunement responsable du chômage, des pertes d’emplois ou bien des statuts temporaires. C’est bien l’impératif de profits sans limites pour une minorité souvent bien de chez nous qui en est la cause tout comme l’instabilité du système financier reposant sur des bulles spéculatives qui vont de crise en crise causant de vastes suppressions d’emplois.
Quand Couche-Tard et Tim Hortons rejettent agressivement le 15 $ de l’heure, quand Sears et Bombardier récompensent les hauts cadres tandis qu’ils suppriment des jobs ou réduisent les conditions de travail et les retraites, quand on nous demande d’augmenter les cadences et les tâches, ce n’est aucunement la faute des personnes immigrantes. Certains médias, propriétés de multinationales et des politiciens sous l’influence des intérêts des plus riches, favorisent cette division entre les travailleurs et les travailleuses. Pourtant, historiquement, c’est l’union de toutes les couches laborieuses, immigrées ou non, qui a favorisé le rapport de forces face aux compagnies et aux gouvernements. Pensons à la marche des sans-emplois dans l’Ouest canadien qui a menée à l’obtention de l’assurance chômage dans les années 1930 tout comme les grèves dans les mines de l’Abitibi ou dans le textile et le vêtement à Montréal à la même époque. Plus près de nous, pensons aux éducatrices dans les CPE, aux préposé-es et infirmières dans la santé ainsi qu’au personnel dans nos écoles qui ont lutté ensemble contre l’austérité pour défendre leurs intérêts communs.
De plus, en favorisant une réduction du temps de travail en conservant le même revenu, la société pourrait offrir non seulement plus de travail, mais dans de meilleures conditions et avec plus de temps pour se consacrer à d’autres aspects de la vie. Du travail pour tout le monde en s’attaquant à l’exploitation, voilà ce qui rassemble au lieu de viser injustement un secteur de nos frères et sœurs connaissant davantage le chômage et la précarité. Les personnes immigrantes ne demandent qu’à contribuer à la société à la hauteur de leurs capacités pour créer des richesses et améliorer leurs vies.