En ces temps électoraux, nous constatons la méconnaissance et l’ignorance des enjeux féministes locaux, trop souvent sous-estimés. Pourtant, la question de l’égalité entre les genres est loin d’être superflue. Un des enjeux soulevés en ce moment à Sherbrooke est le manque de représentativité et de diversité des femmes, en plus de l’absence complète de structures leur étant destinées, du moins, au niveau de la Ville et de ses instances consultatives ou décisionnelles. Alors que certaines municipalités ont créés des comités découlant du programme «Femmes et ville», d’autres ont choisi de créer une structure consultative et participative, par et pour les femmes, agissant sur les questions de l’égalité entre les genres. C’est le cas du Conseil des Montréalaises, créé en 2004, et du Conseil des Lavalloises, en plein essor actuellement.
En effet, grâce au travail de sensibilisation de la part de la Table de concertation à Laval en condition féminine, le Conseil municipal de la Ville de Laval a adopté en juin dernier une résolution visant à créer un comité chargé d’évaluer la manière d’implanter un Conseil des Lavalloises. Il sera composé en égal nombre d’élues et de représentantes de groupes de femmes et devra déposer ses recommandations au plus tard le 8 mars 2018. L’Union des municipalités du Québec est également en train de répertorier l’ensemble des comités municipaux s’adressant spécifiquement aux femmes, données qui ne sont actuellement pas disponibles.
Pour nous, il est opportun et approprié de lancer cette démarche localement. Nous proposons de créer un comité de travail (composé d’élues, de citoyennes et de représentantes de groupes féministes) qui élaborera un plan d’action en vue du développement d’un Conseil des Sherbrookoises, pour lequel des sièges seraient réservés pour diversifier les représentations et les vécus.
Quels sont les rôles d’un tel Conseil?
- Fournir des avis et des recommandations sur toute question relative à l’égalité entre les genres et à la condition féminine;
- Contribuer à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une Politique cadre d’égalité entre les genres à la Ville;
- Solliciter des opinions, recevoir les requêtes sur les questions relatives à l’égalité entre les genres et à la condition féminine;
- Effectuer ou faire effectuer des études et des recherches qu’il juge utiles ou nécessaires à l’exercice de ses fonctions;
- Éduquer et sensibiliser les personnes élues, les instances de la Ville et les fonctionnaires municipaux sur toute question liées à l’égalité entre les genres et à la condition féminine.
Quels sont les avantages de l’instauration d’un Conseil des Sherbrookoises?
- Mieux cibler et renforcer les actions du Conseil municipal dans les dossiers susceptibles d’influencer les conditions de vie des femmes (recherches, écrits, recommandations, etc.);
- Développer une expertise spécifiquement sherbrookoise au sujet des besoins et réalités des personnes précédemment nommées;
- Permettre à celles-ci d’avoir une réelle influence sur leur environnement de vie à Sherbrooke;
- Susciter leur participation et leur intérêt face à la politique municipale et accroître le nombre d’élues;
- Contribuer au développement d’une vision globale qui, en tenant compte des préoccupations des personnes concernées, est susceptible d’améliorer les conditions de vie de la population en général;
- Rendre la ville plus accessible, inclusive et égalitaire en démontrant une préoccupation de la Ville pour l’équité et l’égalité entre les genres.
- Créer des liens et développer de nouveaux partenariats entre la Ville et diverses associations, groupes, collectifs (ou autres) où les femmes sont impliquées;
- Assurer une plus grande équité dans les décisions municipales.
La marche à suivre, pas si compliquée!
Évidemment, la démarche d’une telle instauration prend du temps et de l’énergie. Il est impératif que l’égalité entre les genres soit considérée comme une priorité au municipal et que les ressources nécessaires à une réelle réflexion sur cette question soient déployées adéquatement : les personnes candidates se doivent donc de s’engager dans cette direction dès maintenant. Plusieurs outils existent, autant en matière de formations que d’ateliers, il ne suffit que d’aller les chercher! Nous savons également que des alliées de l’organisme PEPINES travaillent sur un dossier similaire depuis peu. Notre démarche sert de tremplin et d’appui supplémentaire à ce projet, mais sert surtout à démontrer que Sherbrooke possède des valeurs d’égalité, de justice sociale, d’équité et de solidarité. Nous souhaitons que la Ville mette en place des mécanismes et des structures favorisant ces valeurs, principalement en ce qui a trait à l’égalité entre les genres. Comme citoyen.ne.s, comme organisation, nous tenons à ces principes phares et nous souhaitons mettre en lumière des enjeux qui restent dans l’ombre, faute d’espace pour les nommer.
Sherbrooke doit davantage être une ville égalitaire, inclusive et accessible! Nous proposons également l’organisation d’un Forum participatif par et pour les femmes, puisque peu de données sont répertoriées actuellement concernant leurs conditions de vie et de travail. Comment peut-on prétendre répondre aux besoins des femmes si celles-ci n’ont pas d’instances où se faire entendre?
N.B. En tant qu’organisation et/ou comme individus, nous vous invitons à nous appuyer en remplissant un court formulaire sur notre site et en démontrant l’intérêt collectif de débuter une démarche réflexive pour l’instauration d’un Conseil des Sherbrookoises.
Plus de 100 citoyennes et citoyens ont déjà appuyé la démarche, de même que plusieurs candidates et candidats aux élections municipales. De plus, le Conseil des Montréalaises supporte officiellement le projet! Les organisations locales suivantes aussi : CALACS Agression Estrie, ConcertAction Femmes Estrie, Promotion pour initier une nouvelle équité sociale (PEPINES), Groupe d’action trans de l’Université de Sherbrooke (GATUS), Comité femmes du Syndicat du personnel enseignant du Cégep de Sherbrooke, Solidarité populaire Estrie, Arrimage Estrie, Actions interculturelles, Carrefour de solidarité internationale (CSI), Regroupement des étudiantes et des étudiants de maîtrise, de diplôme et de doctorat de l’Université de Sherbrooke (REMDUS), Comité des identités et des orientations sexuelles et amoureuses libres (CIOSAL) de l’AÉCS, Québec Solidaire – Université de Sherbrooke et la Table ronde des organismes volontaires d’éducation populaire de l’Estrie (TROVEPE).