Chaque mardi de juillet dernier, nous avons organisé des Zones Autonomes Féministes (ZAF) au Carré Strathcona du centre-ville: un moment dédié à la rencontre, aux échanges et aux réflexions par et pour les personnes s’identifiant partiellement ou totalement comme femmes. Une tentative de reprendre (tranquillement) l’espace public qui nous appartient, comme citoyenne, situé ici en territoire abénaki, alors que nous sommes si peu à l’investir concrètement. Les ZAF ont abordé quatre grandes thématiques: «principes de la non-mixité», «self-care et épuisement militant», «inclusion et représentativité des diversités» et «développement urbain féministe». À chaque organisation, nous nous demandions s’il y aurait plusieurs personnes. Et à chaque fois, nous étions ravies de constater que non seulement la création de cet espace était pertinent, mais qu’il était nécessaire pour plusieurs d’entre nous.
Ce qu’elles ont dit à propos des ZAF :
«C’était la première fois que je participais consciemment à une activité de non-mixité et j’ai vraiment aimé l’expérience. Ça m’a donné envie de m’impliquer davantage auprès des milieux féministes parce que j’ai trouvé ça enrichissant de discuter avec des personnes qui partagent une expérience similaire. C’est certain que j’aimerais revivre une situation de non-mixité, j’ai senti que les femmes pouvaient s’exprimer beaucoup plus librement, ce qui est nécessaire. Les ZAF sont à refaire!»
– Participante A«Je suis une femme de 38 ans, j’ai participé aux ZAF sur la non-mixité et sur l’urbanisme. Ce n’était pas ma première activité en non mixité, mais la première fois que je participais à un groupe SUR la non mixité. Je suis une femme qui a pris le pli de parler comme un homme, puisque je côtoie beaucoup des milieux de pouvoir qui sont majoritairement masculins. Je ne m’attendais donc pas à ce que la non mixité ait un impact sur mon expérience. Pourtant ça en a eu un important. Les méthodes d’animation, par question, m’ont aidée à ne pas adopter les tactiques agressives que je dois prendre habituellement. Limiter les droits de paroles, contrôler les changements de sujets. Je me sentais en sécurité et j’ai aimé me laisser porter par la parole des autres et de simplement tenter de comprendre leurs expériences et idées. Cette expérience m’a convaincue de la pertinence d’avoir deux groupes institutionnels non mixtes à Sherbrooke : un groupe d’élues et un groupe de citoyennes. J’aimerais pour ma part revivre d’autres ZAF.»
– Participante B«J’ai milité beaucoup dans des espaces de non-mixité, mais c’était la première fois que je le vivais à Sherbrooke, comme ça, à l’extérieur. J’ai trouvé agréable de rencontrer des femmes de plusieurs horizons et vécus différents, pourtant solidaires les unes des autres. Des espaces comme ça permettent de créer des liens, de réfléchir, bien sûr, d’échanger aussi, mais surtout de s’organiser et de passer à l’action. C’est pour moi essentiel et nécessaire.»
– Participante C
Comme Collectif, nous militons pour plus d’engagements féministes au niveau municipal, dans la foulée des élections municipales. Bien au-delà de ces engagements, nous travaillons à des mesures permanentes, qui amélioreront la visibilité, la représentativité et la diversité des réalités à Sherbrooke. C’est pourquoi nous avons demandé une Politique de communication épicène et inclusive avec 160 citoyen.ne.s et 22 organisations en mai dernier. Résultat : la Ville a adopté les principes de la rédaction épicène et le Service des communications soumettra cet automne ses recommandations pour la suite des choses. C’est également pour ces raisons que nous proposons la création d’un comité de travail qui se penchera sur l’instauration d’un Conseil des Sherbrookoises, comité consultatif par et pour les personnes s’identifiant comme femmes. Ce Conseil regroupe des élues, des citoyennes, des représentantes de groupes féministes et des fonctionnaires, au sein duquel des sièges sont réservés afin de favoriser la diversité des représentations. Pour connaître ses rôles et ses avantages, en plus d’obtenir plus de statistiques sur les conditions sociodémographiques et socioéconomiques des Sherbrookoises et/ou pour appuyer notre démarche, rendez-vous sur notre blogue!
Tous les appuis sont nécessaires pour faire de l’égalité entre les genres une réelle priorité à Sherbrooke!