Retourner sur les bancs d’école à 53 ans

Date : 12 mars 2017
| Chroniqueur.es : Fanie Lebrun
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Qu’est-ce qui se passe quand les enfants sont grands et qu’on a besoin de se redéfinir? Que le boulot nous donne envie de changer d’air? On s’essaye à retourner sur les bancs d’école! Voici une entrevue réalisée avec Lucie Lemay, participante au programme de formation de commis au support administratif en santé et services sociaux offert par Accès Compétences.

Pourquoi avoir eu le courage de retourner aux études?

Parce que dans mon domaine en design, il y avait des hauts et des bas que je trouvais difficiles. Aussi, lorsque j’avais mes enfants, j’étais une mère lionne dans tous les domaines pour que mes enfants aient le mieux! Voilà qu’à un certain moment, il me manquait justement de ce côté lionne- là! Saturée de ce que je faisais depuis 28 ans et mes enfants se débrouillant, dont un à Québec et l’autre à l’université, j’avais envie de défis!

Le défi de retourner sur les bancs d’école faisait-il peur?

Oui et non! Dans le privé, tu travailles s’il y a de la job, sinon tu ne travailles pas. Alors, j’ai pensé que de retourner aux études pouvait me donner plus de sécurité. Voilà que je le fais pour moi. Ce nouveau secteur m’intéresse et j’ai vu les cours qui se donnaient avec tous les logiciels et plein de nouvelles connaissances que je n’avais pas. Je me suis dit: «Je vais améliorer mon français et je vais apprendre!»

Qu’est-ce que cela a changé dans la dynamique familiale?

Tout! Je sens que mes garçons sont contents, c’est drôle parce qu’ils m’aident dans mes études. Je trouve cela le fun et cela nous a rapprochés. L’un en m’aidant pour les termes médicaux parce qu’il est en biologie et l’autre en français parce qu’il est en politique. Avec mon plus jeune de 20 ans, on est comme des colocs, car on fait à manger ensemble, on partage l’auto et lui part travailler et puis moi pour l’école.

Si la jeune version de toi te regardait, de quoi serait-elle le plus fière?

Que je sois là! Oui, parce que j’étais une angoissée de l’école, je me rendais malade, je devenais vraiment nerveuse… Peut-être aussi qu’à l’époque j’avais un manque de confiance en moi. Alors voilà que je retourne à l’école, mais je ne vis plus cette angoisse-là. Ça c’est une grosse affaire que je ne sois plus angoissée… la maturité peut-être? Une maturité qui vient de moi et le fait que ce n’est plus une obligation et je sais gérer les choses par expérience.

D’où vient cette expérience?

Ça vient avec le temps et avec le fait d’avoir eu des enfants. Aussi quand je suis allée faire mon cours plus tard en design, je ne voulais tellement pas que mes enfants vivent ce que j’avais vécu par rapport à l’école. J’ai décidé de leur apprendre que c’était le fun et que l’école c’est comme un jeu. Puis c’est vrai, on en faisait des jeux! Au-delà des petites autos, il y avait des jeux d’apprentissage. Quand j’allais les reconduire, je disais: «Amuse-toi bien» pour pas que ça devienne sérieux et que ça ne marche pas! C’est tout ça que je leur mettais dans la tête et ça a peut-être avec le temps fini par rentrer dans la mienne aussi!

Le 8 mars étant la journée internationale des femmes, à ton avis qu’est-ce qui rend les femmes si belles?

Moi, je pense que c’est le cœur au travail, on est solide. On est combative aussi. Non pas à en vouloir contre quelqu’un, mais de faire le bien par rapport à nous-mêmes!

Que se passerait-il si nous ne l’étions pas?

Si on ne l’était pas, on n’avancerait pas! Sinon on resterait là avec pas grand-chose? J’ai beaucoup grandi par rapport à mes enfants. En réfléchissant, je cherchais tout le temps à donner l’exemple pour être forte et pour se débrouiller dans la vie. Je suis contente, ils se débrouillent très bien. C’est des bons gars, ils ont des belles valeurs. Ce que je dis tout le temps à mes enfants: «Ce qui mérite d’être fait mérite d’être bien fait!»

Grâce à ce témoignage, nous ne serons pas surpris de savoir que Lucie Lemay aura bientôt une attestation semi-spécialisée en main afin d’œuvrer dans le domaine de la santé, ce qui saura s’ajouter à son bagage de vie. En espérant que cela en aura inspiré plus d’un à se donner une nouvelle chance pour explorer l’avenue des possibles même après 50 ans!

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