La fée et sa poussière (La nuit de Noël, épisode 11)

Date : 15 décembre 2016
| Chroniqueur.es : Pier-Luc Brault
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L’astronef s’arrêta d’un coup sec.

— Nous sommes suffisamment loin de la Terre, à présent! annonça Atoca.

— Splendide! se réjouit Doucenuit. Fermez tous les yeux, maintenant. Je vais invoquer la Fée des Étoiles!

Ses trois comparses s’exécutèrent, pendant qu’elle sortait un petit livre beige d’une poche de son manteau. Elle l’ouvrit et en feuilleta les pages jusqu’à ce qu’elle ait trouvé celle qu’elle cherchait. Elle s’éclaircit ensuite la voix, puis commença à réciter une incantation dans une langue étrange sur un vieil air du temps des Fêtes. L’exercice dura environ deux minutes, au bout desquelles elle ferma les yeux à son tour. Quelques secondes plus tard, ils furent entourés d’une lumière si vive qu’ils la percevaient à travers leurs paupières fermées, qui refusaient strictement de se rouvrir. Ils étaient également enveloppés d’une chaleur confortable, et se trouvaient dans un formidable état de bien-être. Une voix cristalline résonna alors à leurs oreilles :

— Eh bien, il y avait fort longtemps que je n’avais pas reçu la visite de terriens! Enfin, pas si longtemps, à l’échelle d’une vie de fée… D’après vos oreilles pointues, je présume que vous êtes des lutins du Père Noël, n’est-ce pas?

— C’est exact, confirma Romarin, toujours les yeux fermés.

— Et que me vaut votre visite? demanda la fée. J’espère que vous ne croyez pas que j’ai changé d’idée! Comme vous le savez, le Père Noël et moi avons de profonds différends sur la manière dont le Pôle Nord devrait agir pour remplir sa mission.

— Vous serez donc intéressée d’apprendre que le Père Noël avec lequel vous avez des différends n’est plus de ce monde, laissa tomber Doucenuit.

— C’est une information intéressante, en effet… Mais le Pôle Nord a-t-il abandonné le jeu de l’argent pour autant? s’enquit la Fée des Étoiles.

— C’est ce que nous comptons faire, affirma Romarin. Tous les jouets qui étaient destinés à être distribués demain sont disparus dans une explosion, la même qui a emporté le Père Noël. Avec votre aide et celle de plusieurs centaines de lutins, nous comptons fabriquer des nouveaux jouets à l’ancienne, puis les distribuer avec le traîneau et les rennes, comme au bon vieux temps. Si nous réalisons cet exploit, nous croyons avoir de bonnes chances d’être nommés à la tête du pouvoir politique du Pôle Nord. Ensuite, nous fermerons la place boursière, et nous restaurerons le vieil atelier.

— Tout ça me semble de plus en plus intéressant, admit la fée. Et je perçois de l’honnêteté dans vos propos. Mais cela pourrait très bien s’avérer n’être rien d’autre qu’un formidable jeu d’acteurs. J’ai déjà été trompée par des terriens par le passé, vous savez…

Contre toute attente, c’est la petite voix de Farandole qui se fit ensuite entendre:

— S’il vous plaît madame la fée, je vous jure que mon papa vous dit la vérité. Nous voulons vraiment sauver Noël, pour ne pas que les petits garçons et les petites filles soient tristes en découvrant que rien ne les attend sous le sapin dimanche matin.

La voix cristalline demeura silencieuse un instant, avant de s’adresser à nouveau à eux :

— Tu es une adorable petite fille. Tu t’appelles Farandole, je crois? Bon, très bien, je veux bien vous aider, terriens. Mais je vous préviens : si j’apprends que vous m’avez menti, je déchaînerai ma colère sur la Terre, et votre planète ne deviendra bientôt plus qu’un lointain souvenir.

— Nous tâcherons bien de ne pas vous contrarier, dans ce cas, promit Atoca avec un brin de sarcasme.

— Pour mener à bien votre projet, reprit la fée, vous allez avoir besoin d’une quantité phénoménale de poussière d’étoiles. Comme il sera impossible d’en loger autant à l’intérieur de votre véhicule, je vous demande de penser très fort à l’endroit où vous aimeriez que je la dépose.

Les quatre occupants de l’astronef pensèrent très fort à l’emplacement de la maison de Romarin.

— C’est fait! annonça la fée. Vous trouverez une trentaine de tonneaux de poussière d’étoiles près de la petite maison entourée d’une sapinière. Je suppose que nous nous rencontrerons à nouveau l’an prochain, terriens!

La lumière s’éteignit et la température revint à la normale. Les quatre comparses rouvrirent les yeux à tour de rôle. Finalement, Romarin avait eu raison : la fée n’avait pas pu résister à la petite Farandole.

Lire la suite du roman-feuilleton La nuit de Noël n’est pas un dîner de gala

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