En réaction à la proposition de la ville de Sherbrooke concernant l’élargissement du trottoir sur les voies de circulation du boulevard de Portland au dessus de l’autoroute 410, le CREE déplore un manque flagrant de cohérence.
Le Service des infrastructures urbaines de la ville de Sherbrooke croit pouvoir épargner en élargissant un trottoir pour permettre aux cyclistes de circuler à pied, à côté de leur vélo sur ce lien entre deux pistes cyclables (Boulevard René-Levesque à l’ouest et Portland à l’est). Or, le CREE considère cette solution inutile, voire dangereuse et complètement à l’encontre du Plan de mobilité durable.
- On demande aux cyclistes de marcher à côté de leur vélo : les cyclistes utilitaires utilisent leur vélo comme moyen de transport, donc ne débarquent pas de leur vélo, tout comme les automobilistes ne débarquent pas de leur auto en plein déplacement (ou ne réduisent pas leur vitesse de façon complètement exagérée). Ainsi, les cyclistes rejoindront le trafic automobile sur une chaussée qui sera désormais plus étroite, donc où ils auront moins d’espace de dégagement. Plutôt que d’améliorer la sécurité des cyclistes, cette solution à 1,2 millions de $ viendra augmenter les risques de collision et empirer la relation entre cyclistes et automobilistes.
- La Ville s’est promise de faire des transports actifs une priorité dans son Plan de mobilité durable. Or, demander aux cyclistes de débarquer de leur vélo, c’est aller à contre-sens de tous les efforts portant sur le volet transport actif et l’ouverture aux autres modes actifs de déplacement mis en place depuis 2009 pour réaliser le Plan de mobilité durable. Il semble une fois de plus qu’il manque de communication entre les différentes entités à la ville de Sherbrooke : d’une part, on s’acharne à faire la promotion des transports actifs (comité de pilotage du Centre de mobilité durable), de l’autre, les ingénieurs de la Ville proposent des solutions qui démontrent un manque de compréhension des modes de transport actif.
Pourtant, les solutions plus pertinentes existent, et ce, à Sherbrooke même!
- Le pont Saint-François, de la rue Terrill, qui relie le nord et l’est de la ville propose une cohabitation cycliste / piéton sur un trottoir d’une largeur d’au plus 2,80 mètres. Nous n’avons pas entendu de problème dans ce secteur, pourtant largement fréquenté par piétons et cyclistes.
- La zone « zen » autour du lac des Nations où la densité de piétons et cyclistes est importante propose une limite de vitesse réduite (15 km/h) pour tous les modes de transport.
- D’autres exemples d’aménagements qui permettent une cohabitation harmonieuse et sécuritaire entre cyclistes et piétons, où les cyclistes peuvent rouler sur leur vélo, sont également proposés dans les villes de Magog et de Montréal. Inspirons-nous des meilleures pratiques des autres municipalités plutôt que de rétrograder.
Dans tous ces cas, les solutions proposées sont nettement plus avantageuses pour les cyclistes, à qui on demande de circuler prudemment et lentement, et non de débarquer du vélo. Pourquoi les ingénieurs de la ville de Sherbrooke ne se sont pas penchés sur des solutions, pourtant faciles à retracer, qui rejoignent tous les modes de transport ?
Donner la priorité aux transports actifs, c’est offrir un réseau piétonnier ET un réseau cyclable qui respecte les usagers : l’option proposée de demander aux cyclistes de marcher au côté de leur vélo n’est pas viable dans un contexte de déplacement cycliste utilitaire. La Ville devrait se doter d’un véritable comité consultatif sur le développement des transports actifs, de grâce, en y intégrant des spécialistes et usagers du vélo.