Le vivre ensemble en développement des communautés va bien au-delà de la base du savoir-vivre et des politesses d’usage (« bonjour », « merci » et « s.v.p. »). Pour les « impliqués » de ce monde, voici le partage privilégié de l’expérience de monsieur Gaston Michaud. Auteur du récent livre La Lumière de la Terre, M. Michaud a permis, entre autres, la mise sur pied de La Brunante et du marché Locavore, à Racine, et il a reçu la Médaille du Lieutenant-gouverneur pour les aînés 2014.
Aîné de 15 enfants, Gaston Michaud sait de quoi il parle concernant le vivre ensemble. Cumulant plus de 45 années en mobilisation, c’est un grand visionnaire ayant travaillé à la cohésion sociale et à l’établissement de liens avec les forces vives de son milieu. Un vrai créateur de projets de sociétés à l’échelle locale.
Le 11 septembre dernier, lors du diner-conférence de l’assemblée générale de l’Observatoire estrien du développement des communautés (OEDC), l’ardent défenseur du développement local et « éveilleur de conscience », a répondu à 3 questions de l’OEDC. Cet homme de 78 ans, encore plein de convictions, a partagé son expérience au bénéfice de la trentaine de personnes présentes.
OEDC : Livrez-nous quelques ingrédients de la mobilisation :
GM : Un bon projet auquel on croit et qui est réalisable. Pour que ça soit mobilisant pour la population, c’est intéressant de voir que cela part du bas vers le haut.
Fournir l’étincelle pour que tout le monde se réveille et trouver les ressources pour le faire. On peut rejoindre les gens les plus simples avec les gestes les plus simples. Parce que c’est facile à comprendre, même par les gens qui ne sont pas instruits, ni politisés. Par exemple, l’opération Verre-Vert à Racine, où les gens ont participé au mur de la honte, à la SAQ, en empilant des bouteilles. Ensuite, ils ont pris le beat de rapporter leurs bouteilles. Cela devient un geste d’autosensibilisation et un beau projet à suivre.
L’importance de connaître les capacités des gens. S’il y a un besoin, quelque chose à faire, on met en branle le réseau (ex. téléphone) pour trouver la ressource pour y répondre. Penser à intégrer les gens à mobiliser le plus rapidement possible.
OEDC : Des trucs pour faciliter le financement des projets ?
GM : Avoir un projet raisonnable et faire circuler l’information, sans oublier une bonne planification et une bonne gestion. Cela donne confiance que l’argent sera bien utilisé. La chose à retenir, c’est d’accomplir tout ce que l’on peut faire nous-mêmes avant de demander du financement. D’ailleurs, par divers moyens de financement, on a réussi à amasser 150 000 $ et un autre 200 000 $ !
Les gens savent que l’argent investi va être utilisé de la meilleure façon et qu’il n’y aura pas de gaspillage. Par exemple, on est allé voir le gérant de la caisse qui nous a demandé si l’on croyait autant à La Brunante qu’au projet du marché. Le « oui » a permis le financement. Mentionnons que la confiance et le mérite des autres projets ont permis que l’on reçoive le financement.
Faire des activités rentables, comme un encan silencieux, où le message est passé dans les réseaux. Les gens ont fouillé pour trouver des objets d’une valeur de plus de 25 $ (avec un reçu d’impôt pour la vente) et l’on a vendu pour plus de 10 000 $. L’organisation est tellement bien rôdé que les gens l’attendent! Parce qu’ils sont happés par l’énergie du groupe et le plaisir! Il faut dire qu’il y a du vin, un repas et de la musique! Après 4 ans d’activités, les gens ne peuvent plus se passer de ce happening !
Un bon projet, une bonne organisation bien planifiée, c’est winner ! Les gens n’embarquent pas dans des activités mal organisées. S’ils ont l’impression qu’ils ne sont pas utiles et qu’ils perdent leur temps, ils ne reviendront pas!
OEDC : Comment gérer les conflits ?
GM : Comme il y a de la vie humaine, les conflits sont inévitables! Mais c’est aussi une occasion de rebondissement si l’on sait les gérer. Si l’on est bien structuré et organisé, c’est aussi plus facile à gérer.
Avec des règlements bien articulés et adéquats, on va faire de la prévention. On va gérer de la même façon que si l’on veut les éviter dans la structure avec des règlements bien adaptés (pour éviter les trous).
Avant chaque assemblée générale annuelle, il faut relire les règlements généraux. En se disant : « voici, c’est cela que l’on a voté et on l’applique. On peut les changer (avec une assemblée générale spéciale), mais pour l’instant c’est ça ». Ne laissez pas d’espace pour le « discrétionnaire ». Avoir un conseil d’administration uni pour diminuer la divergence et limiter les problèmes majeurs. Pas nécessairement viser le consensus, mais n’avoir personne qui soit totalement contre.
Si l’on n’est toujours pas d’accord, il faut regarder si ce n’est pas le problème qui est mal posé. Parce qu’il n’y a pas de bonne réponse à une mauvaise question. Quand le problème apparaît, c’est important d’évaluer celui-ci et faire attention aux « ballounes » qui partent !
Quand un conflit se pose, faites attention à l’utilisation de l’ordinateur, parce que cela rend les choses plus sensibles. Ça monte vite! Il est préférable d’aller voir les gens pour saisir les nuances qu’on ne voit pas à l’écrit. On favorise le contact physique, les échanges de vive voix.