La propagande est bien sûr surtout nocive pour les milliards de $ qu’elle incite à consacrer à des guerres suscitées par un intérêt patriotique allié, qu’un minimum de diplomatie aurait contribué à régler autrement.
On pense à toutes ces guerres et aux sanctions économiques (notamment, contre Cuba et le Venezuela) que les États-Unis livrent dans le monde entier… C’est stratégiquement logique pour une puissance qui consacre, contre les recommandations d’UNIDIR (ONU), chaque année pour ses armées près d’un billion de $ (mille milliards!), ce qui engraisse le complexe militaro-industriel et dépasse le budget aggloméré des DIX PAYS SUIVANTS : Chine, Russie, Inde, Arabie Saoudite, Royaume Uni, Allemagne, Ukraine, France, Japon et…Israël si on compte l’apport militaire américain. Les États-Unis entretiennent près de huit cents bases militaires dans le monde entier et considèrent, par exemple, la mer de Chine comme une zone stratégique qui leur appartient, de même qu’Israël, qu’ils « protègent » par un porte-avions et un afflux américain d’armes utilisées contre Gaza, le Hezbollah et l’Iran.
La propagande est une arme qui s’entretient, selon Pierre Dubuc (l’Aut’Journal) et Giuliano da Empoli, auteur de Les ingénieurs du chaos (JCLattès, 2019). Ils présentent ainsi « Arthur Finkelstein, le guru responsable en grande partie des victoires électorales de Netanyahu. En 1996, Finkelstein débarque en Israël où il trouve une situation encore plus explosive que d’habitude. Le Premier ministre, Yitzhak Rabin, vient d’être assassiné par un fanatique juif opposé aux accords de paix qu’il avait conclus avec les Palestiniens. Son ministre des Affaires étrangères, prix Nobel de la Paix, Shimon Peres, lui a succédé. Il s’agit d’une figure modérée, mondialement reconnue pour laquelle tout le monde prédit une large victoire aux prochaines élections de printemps. Mais Finkelstein ne se laisse pas abattre. Son candidat, Benjamin, dit « Bibi » Netanyahu, est considéré comme un extrémiste inexpérimenté et peu fiable. Dans un premier temps, Arthur le pousse à se teindre les cheveux en gris, pour lui donner une apparence plus respectable : ‘‘L’aspect physique est important, dit-il, le candidat le plus grand gagne les élections dans 75 % des cas.’’ Puis, il commence le travail habituel de démolition de l’adversaire. ‘‘Peres veut diviser Jérusalem’’ en donner la moitié aux Palestiniens : voici sa ligne d’attaque. Le vrai talent de Finkelstein, nous dit da Empoli, consiste non pas tant à promouvoir son candidat qu’à détruire l’adversaire. »
Nous savons tous très bien que c’est la méthode Trump, copiée au Canada par Pierre Poilievre : qui n’est pas adepte du MAGA est libéral, communiste, woke LGBTQIA, pacifiste antimilitariste, écoterroriste, adepte de la taxe carbone, bref, un traître.
Trop simple comme méthode, car on vient de voir le mécanisme propagandiste s’enrayer en scrapant la vie du pauvre patriote américain Routh, qui croyait à 100 % à la propagande nationale bâtie sur des mensonges répétés : l’Ukraine est VICTIME d’une guerre de la Russie qui l’a envahie sans motif, point barre. Quiconque lit le site des Artistes pour la Paix depuis 2014 sait que le Donbass a été victime non seulement de l’armée de Poutine, mais aussi des nazis ukrainiens et du jeu militariste de l’OTAN1 .
Donc, un idéaliste pro-ukrainien n’ayant pas accès à ces informations vient de succomber à son amour des armes (instillé par le candidat républicain) et à son désir d’agir, croyait-il, pour l’Ukraine en voulant éliminer Donald Trump coupable à ses yeux de vouloir faire « un deal » avec Vladimir Poutine et de démembrer l’Ukraine. On pouvait constater lors de ses huit arrestations précédentes qu’il avait un problème de santé mentale, mais après tout, n’appuyait-il pas NOTRE CAUSE légitimée par NOTRE PROPAGANDE ?
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1 David Swanson de World beyond War écrit : « L’OTAN n’est pas ce que ses défenseurs imaginent qu’elle est. L’OTAN n’est ni légale ni légaliste. C’est une violation de la Charte des Nations Unies pour un groupe de nations de jurer de se joindre aux guerres des autres, et si elles le faisaient un jour, cela ne légaliserait pas, n’autoriserait pas, ne légitimerait pas ou ne sanctifierait pas une guerre. » On ignore pourquoi il écrit cette phrase au futur conditionnel, car c’est ce qui s’est passé pour les guerres britanno-américaines en Irak, en Syrie et en Afghanistan, au prix de plus de trois cent mille morts.