Le logement est un droit, pas une marchandise

Date : 1 octobre 2024
| Chroniqueur.es : Sylvain Vigier
Catégories :

Cet intitulé, qui peut sonner comme un slogan, ne vient pas d’un pamphlet de propagande gauchiste mais d’une publication du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. Dans cette publication, l’ONU rappelle que « le droit à un logement convenable est reconnu comme faisant partie du droit à un niveau de vie suffisant dans (…) la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et dans (…) le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966. Le droit à un logement convenable concerne tous les États, car ils ont tous ratifié au moins un traité international faisant référence au logement convenable et se sont tous engagés à protéger le droit à un logement convenable à travers des déclarations internationales…»

Si les grandes métropoles ont toujours eu un accès au logement difficile et cher du fait de la grande densité de population, les villes moyennes dans des régions bien connectées et peu excentrées présentaient encore un accès au logement relativement facile et abordable. Dans le cas de Sherbrooke, cet état de fait est révolu depuis au moins 2021. Pour se donner une idée de l’ampleur de la tension dans l’accès au logement, le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) a publié en 2023 une analyse du marché locatif dans différentes agglomérations et régions du Québec (Rapport « Sans loi ni toit »). À Sherbrooke entre 2020 et 2022, les loyers des 3 1/2 ont augmenté de 33 %, les 4 1/2 de 47,8 %, et les 5 1/2 de 44,5 %. Dans un rapport de 2024, le même organisme calcule que l’augmentation s’est poursuive en moyenne de 17 % entre 2022 et 2023 sur l’ensemble du parc locatif en Estrie.

Une des raisons apportées pour expliquer cette hausse drastique et brutale est l’inflation qui a en effet atteint des seuils importants depuis 2020. Cependant, Statistique Québec indique que l’inflation au pays a été de 14,6 % entre 2020 et 2023, loin donc de pouvoir expliquer une hausse de près de 50 % des loyers. Autre raison proposée, l’augmentation de la population à Sherbrooke. Si la pandémie a pu voir l’arrivée de nouvelles personnes en ville, une nouvelle fois Statistique Québec indique un solde migratoire de 0,65 % à Sherbrooke entre 2020 et 2023 et de 1,21 % en Estrie pour la même période.

Ce qui se porte bien dans le logement à Sherbrooke, c’est la spéculation immobilière. Meilleur exemple ever, le cas du restaurant Charlie en plein centre-ville fermé depuis 2020. Originellement vendu à 400 k$, il a été revendu un an plus tard en 2022 à 650 k$. Sans que la bâtisse ne voie autre chose que des graffitis posés sur ses murs, le bâtiment s’est une nouvelle fois retrouvé vendu au printemps 2024 pour 1,6 millions $. Lorsqu’un actif prend 4 fois sa valeur initiale sans rien faire en l’espace de 2 ans, on appelle cela la force du Capital. Et ce Capital là, il va falloir le payer un jour, car si l’argent travaille, c’est toujours sur le dos de quelqu’un. Le perdant sera donc soit l’investisseur, soit le locataire. Vous pouvez parier votre loyer exorbitant sur qui gagnera en fin de course.

Partagez :

facebook icontwitter iconfacebook icon