« Le Faiseur » au Théâtre de l’Insomnie

Date : 2 mai 2024
| Chroniqueur.es : Benoit Viel
Catégories :
Crédit image : Marie Lagueux

Le 15 mars dernier, je suis allé voir « Le Faiseur » au Théâtre de l’Insomnie. Pourquoi l’insomnie ? Je n’en suis pas certain mais j’aime à penser que c’est l’insomnie qui se produit lorsqu’on a une idée de génie. Sous la direction de Gabrielle Chapdelaine et mise en scène à notre époque par Emmanuelle Laroche, la salle du Théâtre Léonard Saint-Laurent a rit tout son saoul pendant une heure quarante minutes.

Les acteurs sont les suivants  : Jean Lapointe, Diane Nadeau et Méliane Legrandeur dans les rôles de Monsieur, Madame et Julie Mercadet; Richard Lacroix dans le rôle de Justin; Alain Campagna dans le rôle de Verdelin; Guy Ferland dans le rôle de Madame Pierquin; Jules Grenier dans le rôle de Minard; Valérie Latulippe et France Proteau dans les rôles de Virginie et Thérèse et Maxime Tardif dans le rôle de Michonnin de la Brive.

Comme c’est un classique, d’après une pièce de Honoré de Balzac, je vais me concentrer sur la relecture qui est faite. Prendre un classique pour l’adapter à notre époque pose certains défis. Et si la pièce se présente comme une comédie grinçante, rien n’empêche qu’elle soit truffée d’éléments factuels propres à notre époque, à la fortune de la classe dominante, aux inégalités et aux injustices que ça occasionne. Dès les premières minutes de la pièce, on observe l’omniprésence de la technologie, créant une cassure nette avec le classique. Parmi les personnages, il y a celui de Julie Mercadet, qui apparaît comme le mouton noir de sa famille et qui détonne également tant par son habillement que ses valeurs actuelles.

Tout au long de la pièce, dans le décor opulent de la résidence de Verdelin, on observe une confrontation continue entre la classe moyenne, travaillante et pro-syndicaliste et la classe la plus riche, dépourvue de toute notion de ce que coûte la vie pour les moins fortunés. Verdelin qui, pour la cause, vit dans une tour à condos de l’Ile-des-Soeurs. Probablement. Et ce en plein mois de juin, durant le Grand Prix de Montréal où il est fait mention des foules amassées sur Crescent. Et c’est dans ce branle-bas que se déroule l’action entre le stratagème à la Ponzi de Monsieur Mercadet, ses déboires avec les autorités et ses propres employés ou la révolte de Julie, qui préfère une vie terne au sein de la classe moyenne avec son copain comptable sans ambition plutôt que la fortune qui lui a été donnée et les aprioris que ça comporte.

Je vais sans doute retourner au théâtre de l’Insomnie. Ceux qui me connaissent savent que j’aime le théâtre classique autant que le contemporain et je peux vous assurer cet hybride entre classique et modernité en vaut la chandelle. Chandelle et insomnie vont si bien ensemble. Balzac n’était il pas lui même un noctambule ?

Partagez :

facebook icontwitter iconfacebook icon