« Une passion pour le cinéma, une passion pour faire découvrir le cinéma à de nouveaux publics et c’est très cohérent avec la mission de ce festival, notamment dans l’idée de démocratisation et dans l’idée de faire découvrir du cinéma québécois. »
C’est ainsi que la nouvelle directrice de Pleins Écrans décrit son amour pour un festival qui fait rayonner le court-métrage depuis maintenant 7 ans. Ariane Roy-Poirier qui officie également en tant que directrice de la programmation depuis un an n’a pas lésiné pour vous offrir 40 courts-métrages à la belle diversité. Pendant la dizaine de jours (du 18 janvier au 29 janvier), vous allez vous délecter de comédies, de drames, de documentaires, de films d’animation, peu importe où vous vous situez sur le globe, c’est pour tout le monde.
J’oubliais un truc, aucune excuse, le festival est GRATUIT.
Cette année pour les habitants de Montréal, vous allez vivre des activités en présentiel, notamment la classe de maître avec Stéphane Lafleur et André-Line Beauparlant le 23 janvier.
Il y a une multitude d’activités à voir jusqu’à la semaine prochaine. Profitez-en!
D’ailleurs la directrice générale et directrice de la programmation nous en dit plus pour Entrée Libre :
Souley Keïta : 7 ans que l’on en met plein l’écran et une troisième année que je me réjouis de parler de ce festival qui brise les frontières. Cette année, on va avoir droit à une édition hybride avec des activités en présentiel, était-ce crucial de renouer un contact visuel avec un public qui vous suit de plus en plus.
Ariane Roy-Poirier : Pour nous, un festival c’est vraiment une question de rencontre et d’échange. On le fait avec les réseaux sociaux et c’est pour cela qu’on élargit ce concept. Nous ne sommes pas uniquement sur une plateforme, mais sur plusieurs (Facebook, Instagram…) notamment pour être capables d’interagir avec le public et pour que le public puisse interagir avec les créatrices/créateurs. Il est certain que d’aller à la rencontre du public en personne est quelque chose qui nous tient à cœur. De montrer du court-métrage est quelque chose qui nous tient à cœur. Pour nous, c’est complémentaire ces deux outils de diffusion. Il est certain que la diffusion en ligne nous permet de traverser les frontières, cela nous permet de fournir des œuvres de qualité qui sont gratuites. Il y a une volonté de permettre une accessibilité au court-métrage, mais il y aussi l’idée de célébrer le cinéma avec la présence des gens. Il y a des activités qui vont dans ce cadre de communion avec le public en personne, notamment la classe de maître dont le format en présentiel convient plus. Même avant la pandémie Pleins Écrans avait des projections en salle au Cinéma Moderne, il est clair que nous avons moins de difficulté à nous adapter que d’autres festivals parce que la programmation principale de notre festival était en ligne. Les temps ont changé, les salles ont réouvert, les gens y retournent et nous voulions en profiter. Il y a une nécessité de ne pas être uniquement à Montréal comme en témoigne l’activité à Drummondville cette année. Un peu à l’image de ces films qui brisent les frontières, on voudrait une même composante pour nos activités.
Souley Keïta : Avec Pleins Écrans, il y a toujours la nécessité de nouer un contact entre les spectateurs, les cinéphiles avec les artistes du 7e art. On a pu voir les années précédentes le réalisateur Jean-Marc Vallée, la productrice Maria Gracia Turgeon, la directrice photo Sara Mishara ou le réalisateur Maxime Giroux. Cette année c’est autour du réalisateur Stéphane Lafleur et la directrice artistique André-Line Beauparlant. Comment le festival les a-t-il convaincus de faire une classe de maître ?
Ariane Roy-Poirier : J’ai réussi à le convaincre avec ma proposition, car ce n’est pas que Stéphane Lafleur que l’on aura. Ce sera un duo pour la classe de maître avec André-Line Beauparlant, qui est une grande cinéaste, qui selon moi à un cinéma qui est malheureusement trop peu connut. Cette réalisatrice en plus d’être une grande directrice a collaboré avec Stéphane Lafleur sur de nombreux films. C’est aussi cela qui a convaincu Stéphane. J’aime beaucoup cette approche d’avoir des duos, car il se crée un dialogue, ce qui est moins le cas lorsqu’on est seul avec ce sentiment de vivre une conférence. Je pense que les deux avaient envie d’aborder leur collaboration qui est très riche. D’ailleurs, je trouve que l’on ne parle pas souvent de direction artistique dans les classes de maître ou les leçons de cinéma, donc je trouvais important de mettre la lumière sur ce métier. Je pense que malgré le fait que ce soit des cinéastes accomplis, il y a toujours une convivialité dans l’industrie du cinéma au Québec, il y a cette générosité, il y a une envie de partager avec les créateurs émergents et créatrices émergentes. C’est cela l’identité de Pleins Écrans de mettre en avant les jeunes cinéastes donc ce n’était dur de convaincre ces deux créateurs, car ils ont envie de partager leur amour du cinéma. C’est une formule que je préfère et j’ai des idées pour l’année prochaine.
Souley Keïta : Le festival met également en avant la diversité de genre, la diversité de sujets, ainsi que la diversité de créatrices, créateurs, est-ce toujours vital de faire de ce festival un miroir à l’image de ses spectateurs?
Ariane Roy-Poirier : Je crois fondamentalement que la représentation au cinéma est importante. C’est un magnifique outil pour donner la place à de nouvelles voix, à de nouveaux regards donc la programmation est très importante. D’ailleurs, la programmation est depuis un certain temps paritaire, on essaye également d’avoir le plus de diversité devant et derrière la caméra. On a aussi la préoccupation de représenter les régions au-delà du cinéma qui est fait à Montréal. Il est certain que ces préoccupations sont nombreuses, mais cela se fait naturellement et nous sommes chanceux puisqu’il y a plus de diversité, il y a plus de femmes. C’est plus facile de faire un court-métrage, car c’est moins coûteux donc il y a une richesse qui se dégage sans cesse. Il en va de même dans le documentaire où l’on retrouve des femmes. Il n’y a pas de grosses enveloppes attribuées aux femmes, mais j’espère que cela va venir.
Tu l’as mentionné en disant que c’est un festival qui essaye de rejoindre le plus grand nombre de spectateurs, car le cinéma est un art populaire et c’est une valeur importante de se joindre à tous les spectateurs. On a aussi une préoccupation par rapport à notre public, nous lisons les commentaires, nous faisons des sondages et c’est très important de recueillir le reflet de la programmation dans le regard du public.
Souley Keïta : Il y a l’éducation à l’image, car Pleins Écrans, c’est aussi s’installer dans le regard des plus jeunes qui sont moins familier au court-métrage. En quoi est-ce crucial d’apporter une proximité entre la jeunesse et le court-métrage ?
Ariane Roy-Poirier : On ne peut pas espérer que les jeunes s’intéressent au cinéma québécois si on ne leur fait pas des propositions intéressantes. Pour ma part, il est certain que l’on doit allumer la flamme même si cela est très difficile de rivaliser contre ces grosses productions états-uniennes qui ont énormément de budgets pour la promotion, pour la visibilité et qui sont très tape-à-l’œil si on peut le nommer ainsi. Il faut que l’on soit capable de leur montrer des films qui leur permettent de se reconnaître, des films dans lesquels il y a des thématiques qui nourrissent leur intérêt. Le court-métrage est vraiment le meilleur format pour aller à la rencontre de cette jeunesse parce que justement ces thématiques qui les intéressent sont souvent dans ces films. Des thématiques radicales, politisées, plus exploratoires, plus expérimentales, plus audacieuses. C’est certain qu’outre le fait de leur montrer du cinéma québécois, l’éducation à l’image entre en compte, parce que si je ne donne pas à un élève les outils pour comprendre les images que je lui montre, je ne vais pas espérer qu’il puisse déchiffrer les codes du cinéma québécois qu’il ne connaît pas. C’est essentiel de le familiariser avec cela sans leur mettre du cinéma québécois dans la gorge, car ce n’est pas comme ça que l’on va créer des cinéphiles. Il y a un travail qui doit se faire par l’écoute, lorsqu’on montre du cinéma aux jeunes on fait des sondages pour comprendre les films qu’ils ont aimés, pourquoi ils ont aimé. L’approche se fait par un échange à travers des ateliers où on les fait débattre, où on leur fait analyser les films, où on leur donne une voix et je trouve que ce sont des relations riches. Cela est utile pour qu’ils puissent décoder les films plus poussés, mais les codes, les outils qu’ils vont avoir vont être utiles pour décoder le film de superhéros.