3 astuces pour distinguer l’information de l’opinion

Date : 11 février 2025
| Chroniqueur.es : Agence Science-Presse
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Sur les réseaux sociaux comme dans les médias traditionnels, en passant par les blogues et les autres moyens de communication, l’information et l’opinion se côtoient, parfois sans grande distinction.

Même si tout le monde a appris à l’école la différence entre un fait et une opinion, seulement 12 % des Canadiens arrivent à faire la distinction sans faute, selon un sondage mené par IPSOS en septembre 2019. Mais si c’est parfois difficile quand il s’agit d’un sujet politique, c’est souvent plus facile quand il s’agit de science ou de santé.

Voici quelques questions qui vous permettront de distinguer si on vous rapporte une information, qui se base sur des faits, ou une opinion, qui se base plutôt sur des croyances.

1. Est-ce vérifiable ou pas?

Il existe des affirmations, en politique par exemple, qui ne peuvent pas se vérifier. On est pour ou contre des investissements gouvernementaux pour accueillir une usine dans notre région; on est pour ou contre des restrictions à l’immigration; on est pour ou contre de nouvelles pistes cyclables : ce sont des opinions, et telles que formulées, elles n’ont rien de vérifiable.

Par contre, si on nous affirme que les pistes cyclables augmentent l’usage du vélo, que plus de la moitié des immigrants s’installent en milieu urbain ou que la même usine, dans un autre pays, a créé 1000 emplois, ce sont des choses qui se vérifient.

Or, en science, beaucoup d’affirmations sont mesurables et vérifiables : l’efficacité d’un médicament, la quantité de polluants dans une rivière, l’identification d’un nouveau gène, la hausse du nombre de canicules, la découverte d’une nouvelle planète…

Une information est un fait avéré, vérifiable, comme une statistique, une date ou encore les données contenues dans une étude. Certes, dans ce dernier cas, d’autres études, dans le futur, apporteront peut-être des résultats différents. Mais dans l’attente, on est au moins devant quelque chose de vérifiable, qui vaut plus qu’une opinion lancée dans le vide.

Et pour cette raison, les professionnels de l’information, comme les journalistes, doivent absolument nommer leurs sources afin que le public puisse évaluer la crédibilité et l’importance d’une nouvelle ou d’une affirmation. De plus, si des scientifiques sont cités, tout journaliste et tout professionnel des communications rigoureux doit nécessairement préciser à quel titre ils s’expriment.

2. Dans quelle rubrique est-ce publié?

Dans les médias traditionnels, les actualités, les reportages, les enquêtes journalistiques et les articles de vulgarisation scientifique rapportent des informations vérifiables.

S’il s’agit plutôt d’un texte d’opinion, celui-ci est normalement identifié comme tel, sous une rubrique appelée « éditorial », « opinion » ou « chronique ». Et bien qu’une opinion ne soit qu’une affirmation personnelle, il est fréquent que des médias fassent appel à des commentateurs externes pour analyser une information et donner leur point de vue. Il est parfois important d’avoir l’avis de personnes ayant une expertise dans un domaine pour éclairer certains aspects d’une information. Il n’est donc pas ici question de juger de la pertinence d’une opinion mais bien de la crédibilité de la personne qui l’émet.

Dans les blogues ou sur les réseaux sociaux, par ailleurs, rien n’oblige un influenceur à apporter des preuves pour appuyer ses affirmations, à citer ses sources ou encore à indiquer que sa publication devrait porter l’étiquette « opinion ». Cela dépend de sa rigueur et de son éthique personnelle. Sur internet, tous sont libres de donner leur opinion sur tous les sujets, y compris ceux pour lesquels ils n’ont aucune expertise reconnue. C’est pour cette raison qu’il faut demeurer très prudent devant les affirmations de certaines personnes et prendre le temps de vérifier leur crédibilité avant de croire aveuglément leurs propos.

3 – Quel est le ton de l’article , le vocabulaire employé?

Le ton employé pour rapporter une information factuelle est neutre et descriptif. Dans un reportage, par exemple, l’auteur ne s’inclut presque jamais dans le texte. Les pronoms personnels de la troisième personne sont privilégiés : on, il, elle, ils et elles. Les citations qui introduisent des informations sont identifiées par un vocabulaire objectif, qui exclut la personne qui les rapporte : on « confirme », on « rapporte », on « observe », etc.

En comparaison, la touche personnelle de l’auteur colore un texte d’opinion. Il utilisera plutôt un ton subjectif. Les pronoms personnels utilisés réfèrent alors à l’auteur : je, me, moi, mes, ma.

Au final, bien que les opinions de certains chroniqueurs, analystes ou commentateurs soient réellement utiles pour comprendre un événement d’actualité, la source d’un conflit ou encore les caractéristiques d’un nouveau vaccin, la crédibilité de la personne qui donne son avis est cruciale dans l’équation.

En vous posant ces quelques questions, vous serez en mesure d’identifier les informations factuelles et de les distinguer des avis personnels. Il vous restera alors à évaluer la fiabilité du message qui vous est partagé!

 

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